Une guerre au Niger aiderait l'Otan "à piller nos ressources", dit un haut responsable malien

"La CEDEAO est prise en otage par ces chefs d'État qui ont le soutien de la France et des États-Unis", a indiqué à Sputnik un responsable du Conseil de transition au Mali, face à une éventuelle opération contre le Niger. Il dresse un parallèle avec l'intervention de l'Otan en Libye de 2011, dont les conséquences sont toujours ressenties au Sahel.
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"La déclaration de certains présidents de la CEDEAO relève de l'inconscience", a estimé auprès de Sputnik Afrique Fousseynou Ouattara, vice-président de la commission de la défense et de la sécurité du Conseil de transition au Mali.
Et de souligner que "ce ne sont pas tous les chefs d'État de la CEDEAO qui ont pris cette décision", à savoir en faveur de l'usage de la force.
"La CEDEAO est prise en otage aujourd'hui par ces chefs d'État qui ont le soutien de la France et des États-Unis."
Alors que la CEDEAO n’a pas exclu l’usage de la force au Niger, les dirigeants russe et malien, Vladimir Poutine et Assimi Goïta, ont souligné, lors de leur entretien téléphonique mardi, l'importance d'un règlement pacifique.
"C'est tout à fait normal que le Mali, le Burkina Faso, mais aussi la Guinée" ne veuillent pas "d'une guerre dans un pays frère, dans un pays avec qui nous partageons des frontières", dit le responsable. Il a rappelé une "mauvaise expérience et un mauvais souvenir de l'intervention de l'Otan en Libye en 2011 dont les conséquences aujourd'hui sont se répercutent encore sur tous les pays du Sahel".
"Nous remercions le Président Poutine d'avoir dit son mot, parce que ce qu'il a dit sera un facteur stabilisateur et va refroidir beaucoup de têtes chaudes", a ajouté Fousseynou Ouattara.

Des "terroristes amenés de Syrie pour déstabiliser le Sahel"

"Les terroristes qui sont au Grand Sahel sont des éléments qui sont financés en partie par la France", a encore fait ressortir le responsable malien. Ces éléments "ont été amenés depuis la Syrie et d'autres contrées par l'intermédiaire des pays de l'Otan pour déstabiliser le Sahel", selon lui.
En cas de guerre au Niger, "cela va faciliter le travail de terroristes qui vont aider les pays de l'Otan et consorts à piller nos ressources", comme ils le font en Libye aujourd'hui "impunément".S'alignant sur les propos de Vladimir Poutine, pour qui l’intervention de l’Otan en Libye a mis le Mali et la RCA sous le coup de groupes terroristes, M.Ouattara souligne que "tout ce qui se passe aujourd'hui est la conséquence directe de l'intervention de l'Otan en Libye.
"Une intervention au Niger aura beaucoup de conséquences sur le Sahel. Ce serait une répétition du cas de la Libye", lui fait écho Abdoul Diallo, expert politique et géopolitique malien.
"L'intervention de l'Otan en Libye a eu des conséquences graves au Sahel, n'a fait qu'amplifier le terrorisme, le banditisme, la criminalité", a-t-il indiqué à Sputnik Afrique.

"Le cynisme français n'a pas de limite"

Fousseynou Ouattara s'est en outre souvenu des mots du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Il avait jadis apostrophé son homologue français "pour lui dire qu'aujourd'hui, vous demandez notre soutien, pour que vous puissiez intervenir au Sahel contre des terroristes que vous-mêmes avez armés en Libye contre Kadhafi". Le chef de la diplomatie française lui avait répondu "c'est la vie", rappelle le responsable.
"Le cynisme français n'a pas de limite", martèle-t-il.
"Si la Russie ne dit pas son mot, le terrorisme sera implanté dans le Grand Sahel pour très longtemps", a déclaré M.Ouattara.
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