Zone de turbulences. En 2024, la zone euro pourrait connaître son plus gros coup d’arrêt depuis la création de la monnaie unique, rapporte Bloomberg. L’économie européenne pourrait subir un recul de 3,8%, voire de 5% si les prix de l’énergie continuent à augmenter, a ainsi calculé le média.
La faute à une hausse des taux d’intérêts tardives et à un resserrement des dépenses publiques, qui menacent "d’étrangler" l’économie et feront payer à la zone euro une "douloureuse addition" l’an prochain.
"Au cours des 12 prochains mois, nous allons vivre une période où nous aurons à la fois l'effet maximal d'un resserrement monétaire et d'un resserrement budgétaire. Je suis un peu inquiet, pour être honnête", résume ainsi Gregory Claeys, chercheur chez le groupe de réflexion Bruegel.
La Banque centrale européenne (BCE) a longtemps été critiquée pour son retard à l’allumage concernant une hausse des taux, alors que les États-Unis avaient pris le taureau par les cornes, remontant son taux directeur à dix reprises cette année.
Retour de l’austérité?
Côté dépenses publiques, les difficultés pourraient culminer en janvier prochain, lorsque prendra fin la suspension des règles européennes limitant les déficits. Les gouvernements ont en effet eu la latitude d’injecter de l’argent dans l’économie pendant quatre ans, pour amortir les chocs de la pandémie et de la crise énergétique, mais cette période de sursis touche à sa fin.
Des négociations sur un nouveau cadre de dépenses sont toujours en cours, mais leurs résultats "réimposeront au moins une sorte de limite", souligne Bloomberg. En juillet, les ministres des Finances de la zone euro avaient déjà convenu qu'un "assainissement budgétaire progressif et réaliste" était justifié.
Ces discussions sur un retour vers l’austérité entraînent néanmoins leur lot de tensions, entre pays du nord et du sud de l’Europe. L’Allemagne propose comme souvent ligne agressive, exigeant des limites automatiques, alors que d’autres comme la France prônent la flexibilité budgétaire, note Bloomberg.
La zone euro a contourné une récession hivernale pour rebondir au second trimestre 2023, mais avec des performances inégales, l’Allemagne stagnant alors que l’Italie se contractait. La présidente de la BCE, Christine Lagarde s’était déjà montrée pessimiste fin juillet, déplorant des perspectives "détériorées" de croissance, qui empêcheront peut-être de faire une pause dans la hausse des taux d’intérêts.
Ironie mordante: selon les prévisions du FMI, la croissance russe devrait même dépasser celle de la zone euro en 2023, selon les dernières prévisions du FMI.