L’Afrique demande à l’Onu de débloquer les engrais russes coincés en Europe

Plusieurs pays africains ont appelé l’Onu à faire des démarches concrètes pour libérer les engrais russes bloqués dans des ports européens, ce qui permettrait de reprendre les discussions autour l'Initiative de la mer Noire et d’assurer l’approvisionnement du continent.
Sputnik
Lors d’une entrevue avec Vladimir Poutine, les dirigeants de l'Initiative de paix africaine ont invité l’Occident à supprimer les obstacles à l’exportation d’engrais russes, rapporte un communiqué conjoint.
Les marchandises sont censées être immédiatement et gratuitement livrées aux pays africains.
Des assouplissements qui permettraient ausside reprendre les négociations autour de l’accord céréalier de la Mer noire, arrivé à expiration mi-juillet et non prolongé depuis. Les chefs d’État africains souhaitent en outre que l’Onu s’investisse plus pour rendre disponibles les milliers de tonnes d’engrais retenues dans des ports européens.
"Les dirigeants ont exhorté l’Onu à prendre les mesures nécessaires pour libérer les 200.000 tonnes d'engrais russes bloqués dans les ports maritimes de l'Union européenne pour une livraison immédiate et gratuite aux pays africains", explique ainsi le document publié le 4 août sur le site du Kremlin.
Ce 3 août, la Présidence sud-africaine avait déjà émis une demande similaire, par la voix de son porte-parole, Vincent Magwenya.
Cette discussion russo-africaine s’est tenue le 28 juillet 2023 à Saint-Pétersbourg, en marge du sommet Russie-Afrique. Elle poursuit ainsi les négociations sur l’initiative de paix africaine, entamées le 17 juin 2023.

Rétention européenne

Alors que les engrais russes ne sont théoriquement pas sous sanctions occidentales, ils s’entassent par milliers de tonnes dans les ports européens d’où ils ne peuvent sortir. La faute aux restrictions imposées sur les moyens de transport et de paiement, expliquait récemment à Sputnik Jean-Yves Ollivier, négociateur international et initiateur de l'Initiative de paix africaine.
Vladimir Poutine avait déjà précisé que seuls deux petits lots d’engrais russes avaient été expédiés, respectivement au Malawi et au Kenya, sur les 262.000 tonnes stockées dans les ports d’Europe. Dès fin 2022, le Président russe avait annoncé que la Russie était prête à livrer gratuitement ces fertilisants aux pays dans le besoin, dénonçant le "cynisme" européen concernant ces rétentions de denrées.
En octobre dernier, le ministère russe des Affaires étrangères avait déclaré que la Lettonie, l'Estonie, la Belgique et les Pays-Bas bloquaient l'approvisionnement en engrais, que la Russie est prête à expédier vers les pays à faible revenu.

Fin de l’accord céréalier

Moscou a refusé le 18 juillet de prolonger l’accord céréalier, initialement conclu en juillet 2022 à Istanbul. L’arrangement se composait de deux volets, le premier permettant la reprise des exportations céréalières ukrainiennes via la mer Noire, le second devait faciliter le commerce russe des engrais et produits agricoles, perturbé par les sanctions occidentales.
La Russie a à plusieurs reprises indiqué que le volet russe de l’accord n'était pas respecté, malgré les efforts de l'Onu. Selon Moscou, la majeure partie du grain ukrainien a été exporté vers les pays occidentaux, tandis que l'objectif principal de l'accord, l'approvisionnement en céréales des pays nécessiteux, y compris les pays africains, n'a jamais été réalisé.
En mai, l’Onu avait ainsi admis qu’aucun navire porteur d’engrais n’avait traversé la Mer noire dans le cadre de cette initiative.
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