Le culte du dollar continue de perdre des fidèles en Amérique du Sud. Après le Brésil et l’Argentine, c’est désormais au tour de la Bolivie de tourner le dos au billet vert. La Paz privilégie de plus en plus le yuan chinois dans son commerce extérieur, a ainsi affirmé le ministre de l'Économie, Marcelo Montenegro.
La Bolivie ne fait que suivre la pente de l’économie mondiale, en se tournant vers un "modèle de commerce international générant une augmentation de l’usage du yuan", a précisé le responsable. Une logique imparable, la Chine étant devenue le géant économique que l’on sait.
"La Chine est devenue le premier exportateur mondial. Et dans quelle devise un grand exportateur voudrait-il être payé pour ce qu'il produit? Pas en dollars, mais dans sa propre devise", a ainsi déclaré Marcelo Montenegro en conférence de presse.
La banque publique Banco Union, principal établissement financier du pays, permet aux importateurs et exportateurs de négocier en yuan et en roubles depuis le début de l’année. Des transactions d’une valeur de 278 millions de yuans chinois (38,7 millions de dollars) soit 10% du commerce extérieur bolivien, ont été effectuées entre mai et juillet, a encore précisé Marcelo Montenegro.
La Chine et la Russie investissent en particulier dans le lithium bolivien, ressource largement inexploitée mais aujourd’hui indispensable à la fabrication de batteries pour les véhicules électriques. La même logique est d’ailleurs à l’œuvre dans certains pays africains, Moscou et Pékin investissant par exemple dans le lithium en Algérie ou au Zimbabwe.
L’Amérique du Sud se rebiffe
Plusieurs pays d’Amérique du Sud semblent être montés dans le train de la dédollarisation ces derniers mois. Le Brésil et l’Argentine ont notamment ouvert une ligne de crédit permettant aux entreprises d’éviter l’utilisation de dollar américain, avaient annoncé les Présidents des deux pays en mai dernier. Une mesure qui permet également à Buenos Aires d’épargner ses réserves de change.
Brasilia et Pékin ont également signé un accord bilatéral pour faciliter les échanges en yuans dans plusieurs secteurs. D’autres pays sud-américains voient dans la dédollarisation une manière de contourner les sanctions américaines qui les touchent, comme le Venezuela. "La dédollarisation du commerce mondial s'accélère", avait d’ailleurs constaté le Président vénézuélien Nicolas Maduro mi-mai.