Le climat prend l’eau de toutes parts. Un méga courant océanique est en péril et pourrait s’essouffler dans les années à venir, selon une étude publiée dans la revue scientifique Nature Communications. Il s’agit de la circulation méridienne de retournement atlantique (AMOC), qui permet aux eaux chaudes de l’équateur de remonter vers le nord de l’Atlantique, jouant un rôle de thermostat pour la planète.
Ce courant s’effondrera entre 2025 et 2095, avec une certitude de 95%, prédisent les scientifiques. Le basculement se produira très probablement dans 34 ans, vers 2057. Des chiffres qui contredisent les derniers rapports du GIEC, qui jugeait cet effondrement improbable.
Les chercheurs ont notamment découvert de nouveaux signaux d’alertes précoces, en analysant les températures de surface de la mer de 1870 à nos jours.
"En utilisant de nouveaux outils statistiques améliorés, nous avons effectué des calculs qui fournissent une estimation plus robuste du moment où un effondrement de la circulation thermohaline est le plus susceptible de se produire, ce que nous n'avions pas pu faire auparavant", explique ainsi Susanne Ditlevsen, co-auteur de l’étude, dans un communiqué.
Risque pour les pays du Sud
L’affaiblissement de l’AMOC est lié aux émissions mondiales de gaz à effet de serre, précisent encore les spécialistes. La disparition du courant marin aurait des effets dévastateurs pour le climat, perturbant la répartition de la chaleur à la surface du globe. Des conséquences qui seront encore plus visibles dans les pays du Sud qu’en Europe.
"La disparition de l'AMOC peut avoir des conséquences très graves sur le climat, en modifiant la répartition de la chaleur et des précipitations à l'échelle mondiale. Alors qu'un refroidissement de l'Europe peut sembler moins sévère […] cet arrêt contribuera à un réchauffement accru des tropiques, où la hausse des températures donne déjà lieu à des conditions de vie difficiles", explique Peter Ditlevsen, auteur principal de l’étude dans un communiqué.
Les océans sont scrutés de près par les scientifiques, dans l’optique de mieux cerner les changements climatiques. Récemment, une étude avait ainsi montré que les océans avaient changé de couleur vus depuis l’espace. Leurs eaux plus vertes pourraient refléter l'impact du réchauffement climatique sur les populations de phytoplancton et la vie aquatique.