La canicule cause des pertes dans les récoltes de café et une réduction rapide du nombre de régions favorables à sa culture, dont plusieurs pays d’Afrique. Cela aurait un impact au final sur le coût de cette boisson très populaire dans le monde, estiment les auteurs d’une étude réalisée par la fondation Roscongress et l’Institut de recherche des marchés mondiaux.
"Au moins 60 % des variétés de café sauvages sont menacées d’extinction, principalement en raison de la hausse des températures en Éthiopie et dans d’autres pays d’Afrique de l’Est, qui subissent également les effets des chocs climatiques sur leurs économies déjà fragiles", détaille l’étude, intitulée Entre la géopolitique et El Niño*: les denrées alimentaires comme déclencheur de l’inflation, et dont le texte a été mis à la disposition de Sputnik.
Selon ses auteurs, le Guatemala, l’un des plus grands producteurs de café, a perdu presque toute sa récolte de fèves en 2022 en raison des températures très élevées et du manque de précipitations. "Ces facteurs ont entraîné une hausse des prix du café de presque 40% dans la plupart des régions où cette boisson fait l’objet d’une grande demande", rappelle le document.
Il pronostique également que d’ici 2050, le nombre de régions avec un climat favorable à la production de café diminuera de 50%.
Une influence négative record d’El Niño
El Niño est un phénomène climatique naturel caractérisé par le réchauffement anormal de la température de surface de la mer dans la partie centrale et orientale de l'océan Pacifique équatorial, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. En moyenne, ce phénomène se produit tous les deux à sept ans et peut durer jusqu'à 18 mois. Pendant les épisodes d’El Niño, le déroulement normal des précipitations tropicales et la circulation atmosphérique sont perturbés, déclenchant ainsi des événements climatiques extrêmes dans le monde entier.
Selon l’étude, qui cite les données de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) auprès de l’Onu, l’influence négative d’El Niño se maintiendra pendant trois années consécutives, ce qui est un record de toute l’histoire des relevés météorologiques. Cela provoquera par la suite une flambée des prix de nombreuses catégories de denrées alimentaires.
De telles périodes de répercussions négatives avaient déjà lieu pendant les précédentes crises alimentaires des années 1973-1976 et 1998-2001, rappellent les auteurs du rapport.
Sur fond de changements climatiques et de l’impact attendu d’El Niño, les auteurs de l’étude prédisent une augmentation des prix des contrats à terme pour certains groupes de produits. Ils indiquent que, déjà, les prix des contrats du riz ont atteint leur sommet durant les 15 dernières années.
L'OMM explique le phénomène
Le 4 juin 2023, l’Organisation météorologique mondiale a annoncé que le phénomène El Niño s’était installé dans le Pacifique tropical pour la première fois depuis sept ans. Celui-ci ouvrait la voie à une hausse probable des températures mondiales et à des perturbations des conditions météorologiques et climatiques, alertait l’OMM. Selon son dernier bulletin, qui rassemble des prévisions et des conseils d’experts du monde entier, il est extrêmement probable (à 90%) que l’épisode El Niño se poursuive au cours du second semestre 2023.
L’arrivée d'El Niño augmenterait considérablement la probabilité de battre des records de température et de déclencher une chaleur plus extrême dans de nombreuses régions du monde et dans les océans, a déclaré le Secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas.