Éternels laissés-pour-compte. Les accords d’Istanbul, qui devaient débloquer le transport de céréales russes et ukrainiennes, n’ont pas profité aux pays qui en avaient le plus besoin, a expliqué à Sputnik le Centre de coordination de l’Onu.
Seuls 10% du maïs et 40% du blé expédiés à travers cet accord ont atteint les pays pauvres ou à revenu intermédiaire inférieur. Les échanges avec les pays riches se sont au contraire accentués côté ukrainien, affirme l’organisme basé à Istanbul, censé veiller au respect des accords.
"10% du maïs et 40% du blé sont allés aux pays les plus pauvres et aux pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure. Par rapport aux données de 2017-2021, l'accord a livré aux pays les plus pauvres les mêmes proportions qu'auparavant dans le commerce de l'Ukraine, mais les proportions des pays relativement riches se sont avérées plus élevées", a ainsi déclaré le Centre de coordination.
Encore plus choquant: le groupe des pays à faible revenu, dont font partie la Somalie, le Soudan ou l’Éthiopie, a reçu 2,5% de la nourriture expédiée.
Côté engrais, le constat est aussi catastrophique. Pas un seul navire russe transportant des fertilisants n’a pris la mer depuis que l’accord a été signé, il y a presque un an!
"L'accord du 22 juillet 2022 permet également l'exportation d'engrais russe, y compris l'ammoniac, mais pas un seul navire avec des engrais n'a été envoyé dans le cadre de l'initiative" a ainsi précisé le Centre de coordination.
Accord en panne
Ces dernières semaines, les envois autorisés par l’accord ont en outre connu de nets ralentissements. Depuis le 27 juin, pas un seul navire n’a reçu d’autorisation de partir naviguer dans les eaux territoriales turques, selon l’organisme de l’Onu. La durée des inspections à bord a aussi doublé, passant de 2 heures à 4 heures. Le port de Yuzhny ne s’implique plus dans l’accord depuis fin avril, ne recevant aucun navire.
Moscou a dénoncé à plusieurs reprises le non-respect de l’accord concernant la partie russe des dispositions, alors que l’Ukraine semble avoir utilisée l’initiative à des fins purement commerciales, comme l’avait déclaré récemment Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères.