"Décrépites", "non livrées": comment Kiev gaspille des millions pour les armes occidentales

L’Ukraine s’est tellement empressée d’acheter du matériel occidental qu’elle a signé des contrats qui n’aboutissent pas ou qui débouchent sur du matériel obsolète, affirme le New York Times.
Sputnik
Un panier percé. Kiev a jeté l’argent par les fenêtres en commandant des armes qui ne sont jamais arrivées, ou qui se sont révélées en mauvais état, rapporte le New York Times. Prise dans une "frénésie d’acquisitions", l’Ukraine a ainsi fait preuve de légèreté sur de nombreux contrats.
"L'Ukraine a payé des centaines de millions de dollars pour des armes qui n'ont pas été livrées. Certaines des armes très médiatisées données par ses alliés sont si décrépites qu'elles sont finalement cannibalisées pour des pièces de rechange", explique ainsi le quotidien américain.
Dans certains cas, les entreprises militaires ont remboursé les armes non livrées, mais des centaines de millions de dollars se sont bien évaporées au début du printemps. "Nous avons eu des cas où nous avons payé de l'argent et nous n'avons rien reçu", avait été forcé d’admettre récemment Volodymyr Havrylov, vice-ministre de la Défense ukrainien.

Obusiers italiens

La livraison récente de 33 obusiers automoteurs donnés par le gouvernement italien fournit un bon exemple de ces errances. Ces canons d’artillerie avaient été mis hors service il y a des années, mais Kiev a demandé à ce qu’ils soient "révisés et mis en service, étant donné le besoin urgent de moyens", avait annoncé le ministère italien de la Défense dans un communiqué.
Problème: l’entreprise américaine payée pour faire les réparations a fait un travail médiocre, selon des documents du gouvernement ukrainien. Les obusiers sont arrivés "inaptes aux missions de combat", alors que Kiev avait déboursé 19,8 millions de dollars pour leur remise à niveau.
Une situation qui met aussi mal à l’aise les alliés de Kiev, comme le prouve le communiqué du ministère italien, forcé de se justifier après la polémique.
"Si j'étais à la tête d'une armée qui a offert du matériel à l'Ukraine, je serais professionnellement très gêné de retourner du matériel en mauvais état", déclare au New York Times Ben Barry, spécialiste militaire à l'Institut international d'études stratégiques de Londres.
Au total, pas moins de 30% de l’arsenal ukrainien est en réparation, ce qui constitue un taux élevé pour une armée ayant besoin de toutes ses capacités pour entreprendre une contre-offensive, comme Kiev essaye aujourd’hui de le faire, souligne encore le quotidien.
Côté américain, principal fournisseur d’armes à l’Ukraine, des irrégularités avaient déjà été décelées, fin avril. Le Pentagone aurait ainsi surévalué ses livraisons à hauteur de 3 milliards de dollars, selon les médias américains. Plus récemment, le bureau de l'inspecteur général du Pentagone avait admis que l’inventaire des armes envoyées par Washington à Kiev n’était pas assez précis.
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