La Tunisie refuse d’être un "simple gendarme protégeant les frontières des autres"

Tunis n’a pas à protéger les frontières d’autres pays, mais doit d’abord régler ses propres problèmes migratoires tout en veillant à la dignité des réfugiés, a déclaré le Président tunisien Kaïs Saïed. Le pays doit notamment faire face à des afflux de migrants subsahariens.
Sputnik
La Tunisie n’a pas à faire la police pour protéger d’autres pays des migrants. C’est le discours qu’a tenu le Président tunisien Kaïs Saïed lors d’une visite inopinée dans la ville de Sfax. Le dirigeant a affirmé que son pays protégerait la dignité des migrants, tout en veillant à ce que les lois de l’État soient respectées.
Le responsable a encore appelé à chercher une solution humaniste et collective à la crise globale de l’immigration, plutôt que de s’appuyer sans cesse sur les pays de la rive sud de la Méditerranée.
"Nous refusons que notre pays soit réduit au rôle de simple +gendarme+ qui veille scrupuleusement à protéger les frontières des autres […] La solution à la montée en puissance des flux migratoires ne doit plus être aux dépens de la Tunisie" a-t-il ainsi souligné.
La Président tunisien a par ailleurs fustigé les "pseudo-défenseurs des droits de l’homme qui ne cessent de nous importuner par leurs leçons de morale". Il a encore blâmé les approches désincarnées et statistiques, qui réduisent les migrants à "des poussières d’individus, à des chiffres au mieux erronés, au pire sans âme ni esprit".

Crise migratoire

Depuis plusieurs mois, la Tunisie est confrontée à un grossissement des flux migratoires venus d’Afrique sub-saharienne. Le Président Kaïs Saïed avait d’ailleurs jeté un pavé dans la mare en février, expliquant que ces flux pouvaient "changer la composition démographique" de la Tunisie. Il avait fustigé un "complot" pour attaque l’État et l’identité tunisienne.
Certains observateurs sont allés encore plus loin, en pointant du doigt le rôle de l’UE dans ces mouvements de population. Bruxelles souhaiterait faire payer à la Tunisie son rapprochement avec la Russie et la Chine en provoquant une crise migratoire, avait ainsi déclaré à Sputnik Mahmoud Ben Mabrouk, porte-parole du Mouvement national du 25-Juillet, en avril.
À Tunis, des frictions ont même eu lieu devant le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), mi-avril. Des migrants armés de bâtons et de bouteilles de gaz avaient tenté de s’introduire dans le bâtiment et causé des dégâts sur les commerces voisins, avant d’être interpellés, selon le ministère tunisien de l’Intérieur.
Discuter