Une neutralité qui passe mal. L’Afrique du Sud, qui tente de maintenir une position d’équilibre sur le dossier ukrainien, pourrait subir les foudres économiques de l’Occident, rapporte Bloomberg. Des sanctions prises à l’encontre de Pretoria pourraient en effet affecter ses exportations, du côté des acheteurs américains et européens.
"Ensemble, l'UE et les États-Unis représentent 30,4% des exportations totales de l'Afrique du Sud [...]. Cela signifie que si les tensions géopolitiques s'aggravaient et que l'Occident agissait contre l'Afrique du Sud, le pays pourrait perdre jusqu'à 612,7 milliards de rands de recettes d'exportation (environ 32,4 milliards de dollars), a ainsi expliqué le cabinet Stanlib Asset Management dans une note.
La Chine reste cependant le plus gros partenaire commercial de Pretoria, leurs échanges bilatéraux dépassant les 56 milliards de dollars, contre 23 milliards pour les États-Unis ou 20 milliards pour l’Allemagne.
Rapprochement avec Moscou
Ces derniers mois, Pretoria a montré plusieurs signes de rapprochement avec la Russie, en participant par exemple à des exercices navals conjoints, auxquels des forces chinoises ont aussi pris part.
Pretoria est également actif au sein des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). Le pays accueillera le prochain sommet du groupe en août et souhaite que Vladimir Poutine y participe d’une manière ou d’une autre, même s’il est visé par un mandat d’arrêt international de la Cour pénale internationale (CPI).
La position de l’Afrique du Sud envers l’Ukraine avait même fait sévèrement déraper l’ambassadeur américain à Pretoria, Reuben Brigety, début mai. Ce dernier avait en effet affirmé que la nation arc-en-ciel avait livré des armes à Moscou. Le diplomate avait finalement rétropédalé et s’était excusé, après avoir soulevé une vague d’indignations.