La rupture avec la neutralité affichée par Madrid depuis des décennies sur le Sahara occidental coûte cher à l’Espagne. Il y a un an, Alger a suspendu le traité de paix, de bon voisinage et de coopération, ce qui a pratiquement mis un terme à tous les échanges commerciaux entre les deux pays.
Les exportations espagnoles vers l’Algérie ont chuté de 80% et 129.475 entreprises espagnoles ont cessé d’avoir des accords commerciaux avec l’Algérie.
Entre juin 2022 et mars 2023, les exportations de Madrid vers l’Algérie se sont élevées à un montant dérisoire de 213 millions de dollars contre 1,6 milliard entre juin 2021 et mars 2022, indique le site d’information Middle East Eye en se référant aux dernières données du ministère espagnol de l’Industrie, du Commerce et du Tourisme.
La situation mise à profit par Rome et Paris
Madrid a jugé la situation à tel point alarmante qu’il s’est adressé à l’Union européenne, lui demandant de mettre en place un mécanisme d’aide aux entreprises espagnoles les plus affectées.
Marin Orriols, directeur de la branche internationale de la chambre de commerce de Barcelone, déplore que l’Italie et la France n’ont pas tardé à profiter de la situation.
"L’Union européenne ne fait rien pour protéger l’Espagne contre cette décision de l’Algérie, et l’Italie et la France profitent de la situation pour couvrir les exportations vers l’Algérie qui seraient parties d’Espagne", a-t-il expliqué à Middle East Eye.
La région de Valence et la Catalogne les plus touchées
Selon le site d’information, la région de Valence, qui représentait avec la Catalogne plus de la moitié des exportations vers l’Algérie sont particulièrement affectées.
Des produits tels que la viande bovine, la céramique, le papier et les pièces détachées constituaient les principales formes de commerce pour les entreprises espagnoles en Algérie. Selon la chambre de commerce de Barcelone, le vide a été comblé par la France, l’Italie et le Portugal.
La rupture de la neutralité sur le Sahara occidental et, donc, le revirement vers le Maroc, serait "indispensable pour protéger la sécurité des Espagnols (...), en premier lieu (grâce) à la lutte contre l'immigration irrégulière" face à une crise migratoire qui submergerait les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, situées sur le littoral méditerranéen du royaume chérifien.
Pour l’Onu, le Sahara occidental, contrôlé à 80 % par le Maroc, est un territoire non autonome.