Un torpillage en règle. Le mécanisme d'ajustement carbone aux frontières européennes (MACF) qui doit entrer en vigueur début octobre va mettre à mal l’économie africaine, selon un rapport de l’African Climate Foundation. Les restrictions introduites sur certains produits pourraient faire perdre 25 milliards de dollars par an au continent.
Certaines exportations seront particulièrement touchées, car leur production dégage plus de carbone. Les engrais africains, exportés à 26% vers l’Europe, l’aluminium (12%), le ciment (12%) seront parmi les domaines les plus handicapés par cette nouvelle taxe carbone.
Le mécanisme européen, qui s’appliquera dans un premier temps à sept secteurs, fera reculer les exportations africaines vers l’UE de 5,75%, en considérant que la tonne de carbone soit taxée à hauteur de 87 euros. Cela amputerait le PIB du continent de 0,91%, d’après l’African Climate Foundation.
Pire encore: si une telle taxe carbone était étendue à tous les pans de l’activité économique, les exportations chuteraient alors de 7,13% par an, privant le PIB africain de 31 milliards de dollars par an.
Chine, Russie et BRICS vent debout
Ce mécanisme écologique a essuyé plusieurs critiques depuis que la Commission européenne a annoncé vouloir le mettre en place. Fin 2021, la Russie avait déjà mis en cause le MACF. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, avait fait remarquer que l’UE imaginait une taxe carbone alors que sa propre empreinte carbone dépassait tous les standards.
Même indignation côté chinois, puisque Pékin avait affirmé que le mécanisme européen violait tout bonnement les principes de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). La décision européenne va en outre "compromettre la confiance mutuelle au sein de la communauté internationale et les perspectives de croissance", avait souligné Liu Youbin, porte-parole du ministère de l'Écologie et de l'Environnement.
Réunis le 1er juin en Afrique du Sud, les ministres des Affaires étrangères des BRICS avaient pour leur part mis en garde contre les mesures "protectionnistes unilatérales sous couvert de considérations environnementales", comme ce type de taxe carbone.