Engrais russes bloqués: la faute est aux sanctions, non à Moscou, note un négociateur africain

Refusant le statut de spectateur dans le conflit ukrainien, l’Afrique souhaite faire entendre sa voix. Jean-Yves Ollivier, qui représente l’initiative de paix de six pays africains, explique à Sputnik quels sont les objectifs de ce projet appelé à défendre les intérêts des Africains et pourquoi les engrais russes restent toujours bloqués.
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L’Afrique souhaite régler les difficultés liées aux exportations de céréales et d’engrais russes qui restent bloqués à cause du conflit en Ukraine et malgré la disposition de Moscou à les livrer aux pays africains,a déclaré le 23 mai à Sputnik Jean Yves Ollivier, négociateur international qui représente l'initiative de paix de six pays africains (Afrique du Sud, Congo-Brazzaville, Égypte, Ouganda, Sénégal et Zambie).

Ports et banques sanctionnés, un problème

Selon M.Ollivier, les Russes font face "à un problème technique, dû aux sanctions".
"Les engrais russes, qui sont les engrais les plus exportés dans le monde et plus particulièrement en Afrique, ne sont pas l'objet de sanctions de la part des Nations unies et des Américains. On pourrait théoriquement acheter ces engrais, mais on n'a pas les moyens de les transporter parce que les bateaux ne peuvent pas entrer dans les ports russes, puisque ils sont soumis à des sanctions", a indiqué le négociateur.
Qui plus est, "les moyens de paiement ne sont pas à la disposition des Russes pour pouvoir être payés de l'heure", ajoute-t-il.
Or l’Afrique a besoin d’engrais russes pour éviter la famine. Ainsi, l’un des principaux objectifs de l’initiative de paix africaine est de faciliter les paiements et les livraisons d’engrais et de céréales, poursuit M.Ollivier. La mission africaine va donc essayer, avec le soutien des Ukrainiens, de trouver un accord international sur ces points particuliers.
"Cela devrait permettre à la Russie, d'abord, de faire des dons d'engrais à l'Afrique -donc vous voyez l'intérêt pour l'Afrique-, et deuxièmement, de pouvoir approvisionner rapidement les pays africains pour permettre d'envisager une récolte fructueuse qui éviterait la famine."

Les céréales, un problème tout aussi vital

Hormis les engrais, les céréales sont aussi indispensables pour le continent qui a "pris l’habitude de s’approvisionner en Russie".
"Mais les sanctions vont leur interdire de le faire et vont impacter aussi leur économie locale. Donc […] on doit en tenir compte et c'est pour ça que l'Afrique s'implique", a-t-il conclu.
L’initiative céréalière d’Istanbul, adoptée en été 2022 par la Russie, l’Ukraine, la Turquie et l’Onu, a récemment été prorogée de deux mois supplémentaires, jusqu’au 17 juillet. Cette décision a été prise après une période d’incertitude, puisque la Russie dénonçait le non-respect des clauses de ce document relatives aux céréales et engrais russes.

Une lueur d’espoir pour l’apaisement

Pour Jean-Yves Ollivier, il y a l’espoir que les démarches qu’entreprendront les six chefs d'Etat africains vont pouvoir réduire la tension en Ukraine et pouvoir limiter dans le futur les actions militaires.
L’interlocuteur de Sputnik précise tout de même qu’il ne s’agit que d’un début.
"Pour le moment, nous en sommes aux prémices. Nous en sommes aux signes de bonne volonté des uns et des autres et notre souci premier est d'initier un dialogue avec l'espoir que ce dialogue pourra aider à une solution pacifique à cette guerre", a-t-il souligné.
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