L’Afrique est le continent qui subit le plus les effets du changement climatique. En effet, selon les estimations de l’Onu, d’ici 2030, entre 75 et 250 millions d‘Africains vivront dans des pays où le stress hydrique sera important. Le Maghreb est la région la plus affectée par les phénomènes de sécheresse. En Algérie, par exemple, les pénuries d’eau sont devenues structurelles, poussant les autorités à rationner l’eau dans plusieurs wilayas depuis plusieurs semaines déjà.
"La valorisation et la récupération des eaux non conventionnelles est une solution incontournable avec surtout la réutilisation des eaux épurées dans les domaines agricole et industriel, mais insuffisante. Il y a lieu de faire du dessalement de l’eau de mer à grande échelle", estime à Radio Sputnik Afrique Farid Benyahia, économiste algérien, expert en technologies avancées.
Dans ce sens, il avance qu’"il est vrai que le dessalement par électrodialyse ou osmose inverse, en utilisant des membranes dans des centrales thermiques chauffées au mazout ou au gaz, comme ce qui se fait actuellement dans la plupart des pays notamment au Moyen-Orient, reviendra cher à ces pays qui n’ont pas les moyens financiers nécessaires". Ainsi, Farid Benyahia suggère "une autre solution basée sur la distillation avec le procédé d’évaporateur à effets multiples et dont la chaleur nécessaire proviendrait d’une centrale électronucléaire".
Et d’affirmer que "dans ce cas, non seulement les quantités produites seront énormes, mais même les prix seront les moins chers possibles. En effet, une centrale nucléaire de 1.000 méga watts dédiée exclusivement au dessalement peut produire entre 1,2 et 1,4 million de mètres cubes par jour, et si la vapeur utilisée pour chauffer la saumure est extraite à la sortie des turbines, le prix de revient baisse encore dans des proportions qui pourraient atteindre les 50%".
Selon M.Benyahia, "le problème de l'eau en Afrique est un problème mondial". Si la sécheresse s'aggrave et s'étend, "on risque d'avoir de l'exode vers l’Europe", avertit l’expert, appelant à mettre de côté les différences politiques et à se réunir pour trouver des solutions ensemble: "Nous sommes sur le même bateau."
"Un partenariat avec la Russie, la Chine et les pays du Maghreb et du Sahel est tout à fait souhaitable, nécessaire et possible, pour faire partager les frais de réalisation de ce genre de projets, mais également les bénéfices en eau potable et en électricité, en plus de la régénération des eaux de l’Albien en y injectant de l’eau dessalée", conclut-il.
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