Lors de sa visite en Russie en avril, le président du Conseil économique et social de la République centrafricaine (RCA), Alfred Taïnga Poloko, a déclaré que son pays avait été privé du soutien budgétaire de la Banque mondiale en raison des forts liens d’amitiés entre Bangui et Moscou.
À cet égard, la ministre des Affaires étrangères de la RCA, Sylvie Baïpo-Temon, a affirmé auprès de Sputnik que l’institution financière internationale appartenait à un "système qui a fait son temps".
Elle a déploré que "ces instances internationales, en tout cas ces organisations techniques, financières, soient utilisées pour contraindre, intimider ou autre":
"C'est dommage parce que ce n'est pas leur rôle. Leur rôle, c'est de venir en soutien. C’est un système qui a fait son temps, ce système d'appui budgétaire, surtout quand on voit un pays comme la RCA qui détient un certain nombre de potentialités et qui, en l'occurrence, est en totale capacité de subvenir à ses besoins, de passer par l'exploitation de ses propres ressources".
Selon elle, il est "inconcevable de déduire aujourd'hui qu'elle [la RCA, ndlr] doit se limiter à des appuis budgétaires, donc il y a quelque chose qui ne marche pas". D'où cette recherche de partenariats plus efficaces.
"Nous avons besoin d'avoir les moyens de permettre de former nos élites, de former les cadres qui seront compétents, de développer et de construire la République centrafricaine. On peut demain devenir un partenaire de taille qui contribuera efficacement à la stabilité économique mondiale", a-t-elle assuré.
Mme Baïpo-Temon a aussi rappelé que la Centrafrique était un "État indépendant, souverain, libre du choix de ses partenaires" et d'autant plus dans une dynamique qui est la sienne.
"Je réitère cette volonté de diversification. Donc nous avons le libre choix de pouvoir choisir nos partenaires", a-t-elle souligné.
La nécessité de revoir le multilatéralisme
Par contre, elle a noté que le multilatéralisme devait être revu.
"Le multilatéralisme est étroitement lié justement aux intérêts bilatéraux de certains États. Nous ne pouvons pas nous en sortir et nous comprenons notamment que le monde va mal aujourd'hui à cause de cela. Le multilatéralisme sait prendre en compte, mettre en harmonie justement les besoins de l'ensemble des États. Mais il faudrait aussi que les intérêts des différents États soient équilibrés, soit en équité", a-t-elle développé.