Les nuages s’amoncellent au-dessus de l’industrie céréalière ukrainienne, rapporte Bloomberg. Alors que Moscou et Kiev étaient parvenus à un accord pour autoriser les exportations via les ports de la mer Noire, des nouvelles tensions sont apparues. Moscou s’est en effet plaint que les termes de l’accord n’étaient pas respectés et les inspections de navires tournent au ralenti.
D’un autre côté, certains pays européens ont interdit les importations de céréales ukrainiennes, pour privilégier leur propre agriculture. L’offre ukrainienne, trop abondante, fait en effet baisser les prix et menace les agriculteurs locaux, notamment en Pologne, Hongrie et Slovaquie.
Le géant de l’agro-industrie ukrainien HarvEast ressent déjà l’impact de ces interdictions d’importer, souligne Bloomberg.
"Pour la plupart des agriculteurs, ce n'est pas si critique aujourd’hui, car c'est la fin de la saison et la majeure partie de la récolte a déjà été vendue. Mais si cela continue en été, il sera très difficile pour nous de survivre", a ainsi déclaré au média Dmitri Skorniakov, directeur général de HarvEast.
L’Europe se déchire
Le choix de la Pologne et de la Hongrie d’interdire les importations ukrainiennes a en outre provoqué la colère des autorités européennes. Les trois pays ont pris une "décision unilatérale" alors que la politique commerciale relève des compétences de l’UE, a ainsi déploré Miriam Garcia Ferrer, porte-parole de la Commission pour le Commerce et l'Agriculture.
Les gouvernements hongrois et polonais ont pour leur part reproché à l'UE d'être trop lente à considérer le sort des agriculteurs locaux. La Pologne a interrompu les importations pour éviter une "crise de l'agriculture" a déclaré Jaroslaw Kaczynski, chef du parti au pouvoir Droit et Justice, alors que les manifestations d’agriculteurs ont agité le pays ces dernières semaines.
La Bulgarie et quatre autres pays européens ont aussi donné de la voix, écrivant une lettre à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, pour que Bruxelles augmente son soutien financier aux agriculteurs, envisage d'acheter le surplus de céréales pour l'aide humanitaire ou même limite les importations en provenance d'Ukraine.
La Russie pour sa part s’interroge sur l’intérêt de prolonger les accords céréaliers d’Istanbul. Les chances de reconduite sont de 50/50, a récemment déclaré Dmitri Polianski, représentant permanent adjoint russe auprès de l’Onu.