L’économie algérienne garde le sourire. Le pays des fennecs devrait connaître une croissance de 2% en 2023, à en croire les derniers calculs de la Banque mondiale (BM). La dynamique sera néanmoins moins marquée qu’en 2022, où le PIB avait augmenté de 3,1%.
Le pays profite en particulier des craintes énergétiques européennes, les Vingt-Sept cherchant à diversifier leurs approvisionnements en hydrocarbure, après les sanctions prises contre la Russie.
Plus généralement, c’est toute la région constituée du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord qui continuera d’être dans le vert, avec une croissance de 3% en 2023, puis de 3,1% en 2024.
Un ralentissement devrait néanmoins s’opérer du côté des pays du Golfe, gros exportateurs de pétrole, à cause de la baisse attendue des prix de l’or noir. Les États membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) devraient ainsi voir leur croissance ralentir de 7,3% en 2022 à 3,2% en 2023, prévoit la Banque mondiale.
Inflation et insécurité alimentaire
L’organisme international met néanmoins en garde contre deux fléaux qui pourraient menacer les économies du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord en 2023: l’inflation et l’insécurité alimentaire. La flambée des prix déjà constatée en 2022 devrait en effet continuer de sévir. L’inflation sur les produits alimentaires est particulièrement handicapante pour les pays à revenu faible ou intermédiaire. Le poids de l’alimentation pèse parfois plus de 25% dans l’indice des prix à la consommation ces pays.
Conséquence directe: l’inflation sur la nourriture fait croître l’insécurité alimentaire. Dans la région, la part de population se trouvant en situation d’insécurité alimentaire à cause de l’inflation a augmenté de 66% depuis la période prépandémique, souligne la Banque mondiale.
L’institution est particulièrement inquiète pour la santé des enfants. La flambée des prix de l’alimentaire pousse en effet les populations à se rabattre sur des produits moins nutritifs, favorisant les retards de croissance des plus jeunes. L’obésité et la dénutrition infantiles pèsent déjà lourd dans la zone regroupant Moyen-Orient et Afrique du Nord.
La Banque mondiale pointe d’ailleurs directement du doigt la situation en Ukraine, estimant que "la hausse des prix alimentaires liée au conflit pourrait avoir augmenté de 17 à 24% le risque de retard de croissance".
Le conflit ukrainien a en particulier bouleversé les exportations céréalières, dont Kiev et Moscou sont les champions. Les accords d’Istanbul, signés en juillet, devaient mettre fin à ces difficultés, mais l’Occident continue de leur mettre des bâtons dans les roues, à travers des restrictions sur l’affrètement des navires ou les systèmes d’assurances.
La Russie a d’ailleurs récemment fait part de son agacement et n’exclut pas mettre un terme aux accords, si toutes les conditions ne sont pas respectées.