Afrique en marche

La monnaie est la seule puissance qui reste à l’Occident désindustrialisé, constate un économiste

"À partir du moment où l’économie n'est devenue que production de la monnaie par la monnaie, sans aucune contrepartie réelle, il ne faut pas s’étonner de voir des banques faire faillite", affirme à L’Afrique en marche Omar Aktouf, professeur titulaire à HEC Montréal. Pour lui, l’espoir est dans le système financier que les BRICS tentent de créer.
Sputnik
"Contrairement à ce qui se dit partout, les tentatives d’expliquer la dernière faillite des trois banques américaines sont toutes incomplètes", affirme à Radio Sputnik Afrique Omar Aktouf, professeur titulaire à HEC Montréal et membre du conseil scientifique d’ATTAC au Québec. Il souligne que "l'économie est devenue essentiellement ultra-financière".
Et d’expliquer que "l'économie réelle ne croît pratiquement plus. La croissance par l'économie réelle ne se fait plus qu’en Chine, en Russie, au Brésil, en Inde, les pays membres des BRICS. Ce qui n’est pas le cas en Occident, où la croissance de l’économie réelle est finie depuis longtemps".
Le Pr Aktouf indique que "tout ce qu'il se passe aujourd'hui, y compris en Ukraine, est dû au fait les Occidentaux, les États-Unis en tête, se sont rendus compte que la puissance économique réelle avec les capacités technologiques et scientifiques leur échappent complètement. D’où leurs agissements pour rapatrier à tout prix chez eux des industries à haute valeur capitalistiques de Chine, de Russie et même d’Europe. C’est dans cette optique qu’il faut analyser et comprendre d’un point de vue politique et stratégique les sanctions antirusses et antichinoises".
"Depuis que l’économie occidentale s’est complètement désindustrialisée, elle ne fonctionne plus que par la planche à billets et le casino de la bourse, exactement comme en 1929, lors de la Grande Dépression mondiale qui créé les conditions de la Seconde Guerre mondiale". La monnaie -le dollar et l’euro-, que de nombreux pays utilisent encore pour leurs échanges commerciaux ou pour constituer des réserves, est la seule puissance qui reste à l’ Occident, estime l’économiste.

"À partir du moment où l’économie n'est devenue que production de la monnaie par la monnaie, sans aucune contrepartie réelle, il ne faut pas s’étonner de voir des banques faire faillite". Pour le Pr Aktouf, c’est la situation économique des pays occidentaux désirant à tout prix garder leur domination sur le monde qui a "poussé les BRICS à envisager la création d’un nouveau système financier et monétaire international".

Ce système "doit d’abord être basé sur les échanges de bien réels entre les pays membres dans le cadre d’une politique commune dirigiste pour arriver à une homogénéité entre toutes les économies avant de passer à une monnaie commune ou unique", souligne-t-il, ajoutant que "c’est le seul moyen d’éviter le piège mortel dans lequel est tombée l’Union européenne en commençant par la création de l’euro".
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