Washington s’inquiète de l’implantation russe en Afrique, analyse un militant panafricain

La récente visite du secrétaire d’État américain Antony Blinken en Afrique ne doit rien au hasard, a déclaré à Sputnik le militant panafricain Ibrahim Bana. Dans le sillage de la France, les États-Unis craignent une perte d’influence sur le continent, affirme-t-il.
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Les États-Unis veulent marquer le territoire en Afrique. C’est en partie le sens de la visite historique du secrétaire d’État américain Antony Blinken au Niger, comme l’explique à Sputnik le militant Ibrahim Bana, vice-président de l’Internationale Panafricaniste Niger.
Un déplacement étonnant, puisqu’aucun haut-fonctionnaire américain n’avait mis les pieds au Niger depuis l’intervention militaire de 2011 en Libye. Mais Washington se sent sur le reculoir, alors que les opinions africaines contestent de plus en plus l’influence occidentale, notamment française. Les nouveaux partenariats tressés avec la Chine et la Russie donnent aussi des sueurs froides aux États-Unis, souligne Ibrahim Bana.
"Il y a une volonté des États-Unis de réagir à l'extension de l'influence russe en Afrique, puisqu’après les échecs constatés de certains pays, les opinions publiques africaines sont de plus en plus réticentes à continuer avec les partenaires traditionnels […] Nous étions sûrs que les États-Unis allaient réagir, c'est une sorte de modus vivendi entre les puissances occidentales", affirme-t-il ainsi.
L’inquiétude de Washington et des Occidentaux tient aussi aux nouveaux modes de partenariats proposés par des pays comme la Chine et la Russie. Ces derniers cherchent des accords "gagnant-gagnant", loin du "paternalisme" et des "politiques de dédain" qui caractérisent l’approche occidentale de l’Afrique, affirme Ibrahim Bana.
"Si on prend l'exemple de la Chine et de la Russie, l’avantage est qu'ils envisagent la coopération en évitant de nous regarder depuis leur piédestal. Ils ne cherchent pas à donner des leçons. Ils envisagent des partenariats gagnant-gagnant […] Nous attendons des pays désirant coopérer qu’ils nous considèrent comme des États à part entière, désireux d'utiliser leurs ressources pour atteindre le développement et d'assurer le bonheur des populations", souligne-t-il.

Cul et chemise avec Paris

Le récent retrait des forces françaises du Mali et du Burkina a sans doute aussi motivé la visite du secrétaire Blinken, affirme pour sa part à Sputnik Ibrahim Namaiwa, consultant nigérien membre du Mouvement pour la Promotion de la Citoyenneté Responsable (MPCR).
Paris et Washington marchent souvent main dans la main pour tenter de maintenir l’Afrique sous leur dépendance, rappelle l’expert.
"Cette visite intervient peu après le discours d'Emmanuel Macron, qui a annoncé la réorganisation des forces françaises en Afrique […] Nous avons compris depuis longtemps que la France est toujours accompagnée des États Unis dans le cadre de sa politique belliqueuse. À chaque fois que la France déploie des efforts pour avilir les peuples africains, elle est accompagnée par les États-Unis", déplore-t-il.
Avant son passage au Niger, le secrétaire d’État Antony Blinken avait déjà fait un saut en Éthiopie, où il a déclaré que le retour des aides américaines serait conditionné au processus de réconciliation dans le Tigré. Washington avait notamment exclu le pays de son programme AGOA (African Growth Opportunities Act) en janvier 2022.
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