Donbass. Opération russe

Prorogation de l’accord céréalier: "La question n'est pas la faim, mais la victoire sur la Russie"

Alors que l’accord céréalier expire dans une douzaine de jours, un politologue moscovite revient sur l'origine des problèmes de sa mise en œuvre. La partie russe a tenu tous ses engagements, mais l’Occident joue son propre jeu qui ne fait que lui apporter du profit et appauvrir les pays africains dans le besoin, selon le chercheur.
Sputnik
Bien que l’accord céréalier ait été prorogé au mois de novembre, cet hiver n’a pas changé grand chose au respect des obligations par la partie occidentale, observe pour Sputnik le politologue russe Andreï Souzdaltsev.
Il a rappelé que la Russie avait demandé la levée des sanctions qui rendaient la livraison des céréales impossible.
Cela impliquait les restrictions imposées "sur les processus touchant à l’infrastructure qui bloquaient l’approvisionnement en céréales et en engrais russes sur le marché mondial, mais aussi les sanctions sur les assureurs, sur l’affrètement des navires, la logistique, l’accès aux ports, terminaux, etc.", énumère le chercheur à l’École des hautes études en sciences économiques (HSE).

Le bétail européen nourri avec du blé destiné à l’Afrique

Tandis que la Russie s’est acquittée de toutes ses obligations concernant l’accord céréalier, la partie occidentale a mis en œuvre un système "corrompu" global qui a privé les pays nécessiteux de ces denrées et a profité aux pays européens.
"Après être tombées entre les mains des spéculateurs européens, les céréales sont arrivées en Afrique, en Asie, mais pour des prix complètement différents. […] Cet hiver, le blé est allé en Espagne pour nourrir le bétail, engraisser les porcs. L'Europe se bat pour elle-même, mais il n'y a pas de famine."
Au mois de janvier, le ministère russe des Affaires étrangères a publié un rapport qui a contredit les données fournies par les Nations unies, selon qui 44% du blé a été livré aux pays à faibles et moyens revenus et 64% de l’ensemble des céréales à des économies émergentes.
D’après les informations de Moscou, "seules 3%" des marchandises ont atteint les pays dans le besoin, à savoir la Somalie, l’Éthiopie, le Yémen, le Soudan, l’Afghanistan et Djibouti.

"Un sauf-conduit" pour l’Occident

Actuellement, le Président Zelensky demande la reconduite de l’accord pour un an et l’ajout, aux trois ports d’où les produits sont expédiés, d’un quatrième: celui de Nikolaïev. La Russie ne s’oppose pas à la prorogation de l’accord à l’unique condition que la partie occidentale s’acquitte de ses obligations.
D’après M.Souzdaltsev, si la Russie accepte cette proposition, elle ne pourra pas, "en cas de crise", aider la Transnistrie. Fin février, Moscou a averti d’une concentration de troupes ukrainiennes dans cette zone et a pointé la menace envers les soldats de la paix russes déployés là-bas.
"L'Occident a pour objectif d'empêcher la défaite de l'Ukraine. Il est plus important pour eux que, dans le cadre de l'accord, nous ne touchions pas les ports du sud de l'Ukraine. L’accord est ainsi tel un sauf-conduit. Et la question n'est pas la faim, mais la victoire sur la Russie."
Discuter