Le conflit en Ukraine attise les tensions autour de la Transnistrie voisine. Moscou accuse Kiev d’amasser des troupes à la frontière de la Transnistrie, cette république russophone non reconnue entre la Moldavie et l’Ukraine.
Pourquoi la Russie s’inquiète
Jeudi 23 février, le ministère russe de la Défense a fait savoir que l’Ukraine avait commencé à se préparer à une invasion de la Transnistrie, ce qui représente une menace pour les soldats de la paix russes déployés sur ce territoire. Le ministère a indiqué que l’invasion se déroulera "en réponse à une prétendue offensive des troupes russes depuis le territoire transnistrien".
Selon la Défense, des membres du groupe nationaliste Azov* y seront également impliqués. Des saboteurs ukrainiens se feront passer pour des soldats russes via des uniformes militaires.
Vendredi 24 février, le ministère russe des Affaires étrangères a fait savoir que les forces armées russes réagiraient de façon appropriée à toute provocation de Kiev contre la république, si elle avait lieu. L'armée "assurera la protection du contingent russe de maintien de la paix, du personnel militaire du Groupe opérationnel des forces russes et des dépôts militaires dans la colonie de Kolbasna en Transnistrie."
Le ministère a indiqué qu’au vu d’une forte concentration de matériels et d’effectifs ukrainiens à proximité de la frontière, du déploiement de l’artillerie et d’un accroissement sans précédent de vols de drones au-dessus de la Transnistrie, "nous mettons en garde les États-Unis, les pays de l’Otan et leurs subordonnés ukrainiens contre de nouvelles démarches aventurières".
Le porte-parole du Président russe, Dmitri Peskov, a déclaré ce 27 février que la situation autour de la Transnistrie était un sujet d’attention soutenue et de préoccupation. "Nous savons que nos antagonistes au sein du régime ukrainien, ainsi que dans les pays européens, sont capables de toutes sortes de provocations", a-t-il détaillé.
Ce que disent Tiraspol et Kiev
Le dirigeant transnistrien Vadim Krasnosselski a qualifié la situation de tendue et a appelé la population au calme.
Kiev a d’ailleurs démenti dès le 24 février tout projet d’invasion du territoire de la Transnistrie en la considérant comme partie d’un pays indépendant, la Moldavie, dont il respecte l’intégrité territoriale.
Objet d’une possible convoitise
Des experts russes avancent cependant que face à la pénurie de munitions en provenance de l’Occident, Kiev pourrait convoiter celles entreposées à Kolbasna, un village situé à deux kilomètres seulement de la frontière.
Selon les experts, pas moins de 22.000 tonnes de munitions pourraient y être stockées depuis l’époque soviétique.
Explosions en 2022
Dans la nuit du 26 au 27 avrils 2022, des coups de feu ont été tirés en direction de Kolbasna depuis l’Ukraine. Selon les autorités transnistriennes, c’était le dépôt de munitions qui était pris pour cible sans faire de victimes. Des explosions ont également visé le ministère de la Sécurité à Tiraspol, capitale de la république, une patrouille des forces armées et plusieurs antennes radio.
Conflit de Transnistrie
La Transnistrie, peuplée à 60% par des Russes et des Ukrainiens, a demandé la sécession de la Moldavie avant même l'effondrement de l'URSS, craignant que la république ne rejoigne la Roumanie.
En 1990, les autorités de la zone ont mené des scrutins, appelés plus tard référendums. Près de 80% des citoyens ayant le droit de vote y ont participé et 96% d'entre eux ont soutenu la création de la République de Transnistrie. Chisinau l'a déclarée illégale.
En 1992, après une tentative infructueuse des autorités moldaves de régler le problème par la force, Chisinau a perdu le contrôle de cette région à l'issue d'un conflit armé entre forces moldaves et locales.
Pour 2021, la population du territoire, selon le service national des statistiques, était de 465.800 personnes. Les langues officielles sont le moldave, le russe et l'ukrainien. La majorité de la population est orthodoxe.
*Organisation terroriste interdite en Russie