Près de cinq mois après le sabotage des gazoducs Nord Stream, les responsables n’ont toujours pas été formellement identifiés. Une anomalie selon Pékin, qui a appelé à mener une enquête approfondie sur l’incident.
L’attentat sur les structures a porté préjudice aux marchés de l’énergie et a eu des répercussions écologiques, ce qui devrait pousser la communauté internationale à faire la lumière sur les faits, a ainsi affirmé Wang Wenbin, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
"Les gazoducs Nord Stream étaient autrefois qualifiés de "bouées de sauvetage" pour l'énergie européenne. Les explosions ont eu un impact grave sur le marché de l'énergie et sur l'écologie mondiale... Il est impératif de mener une enquête objective, impartiale et professionnelle sur cette affaire", a déclaré le diplomate.
Le silence des médias et des responsables américains sur la question est déconcertant, a ajouté l’officiel. Même refrain en Europe, alors que les sabotages n’ont pas arrangé les affaires des Vingt-Sept, embourbés dans une crise énergétique d’une ampleur jamais vue. Ces silences gênés ne font qu’accentuer les soupçons de l’opinion, a souligné Wang Wenbin.
De célèbres journalistes sur le coup
L’affaire du Nord Stream a pris une nouvelle tournure ces dernières semaines, après les révélations de Seymour Hersh, célèbre journaliste américain lauréat du prix Pulitzer. Celui-ci a publié une enquête, accusant directement les États-Unis et l’Otan du sabotage. Des explosifs auraient été installés sur les conduites des gazoducs durant l’opération Baltops à l’été 2022, par des plongeurs américains et avec l’aide de la Norvège. Les charges auraient par la suite été activées à distance.
L’hypothèse de Seymour Hersh a été par la suite soutenue par le journaliste américain John Dougan. Celui-ci a déclaré avoir reçu une lettre anonyme d'un des participants aux exercices BALTOPS 22 de l’Otan, qui détaille le sabotage.
Les gazoducs Nord Stream avaient été victimes d’un sabotage le 26 septembre, déversant près de 70 tonnes de gaz par heure, comme l’avaient calculé des scientifiques chinois. Le Président russe Vladimir Poutine avait fustigé un "acte de terrorisme international".