Les sanctions systématiques prises contre le Mali, la Guinée et le Burkina par les organisations régionales africaines sont contre-productives, ont déclaré les trois États dans une déclaration commune.
Les ministres des Affaires étrangères des trois pays s’étaient en effet réunis ce 9 février pour mutualiser leurs efforts dans cette lutte contre les sanctions. L’axe Bamako-Conakry-Ouagadougou appelle ainsi la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et l’Union Africaine (UA) à revoir leur position en la matière.
"[Les trois pays] déplorent l’imposition mécanique de sanctions, qui souvent ne prennent pas en compte les causes profondes et complexes des changements politiques. Ils soulignent que ces suspensions les empêchent de participer aux instances statutaires de la CEDEAO et de l’UA, notamment celles traitant des grands défis qui les préoccupent, tels que l'insécurité, les questions humanitaires et le développement économique durable", déclare le communiqué commun.
Les trois pays comptent par ailleurs intensifier leur partenariat pour lutter contre l’insécurité dans la région sahélo-saharienne. Sur le volet économique, des partenariats énergétiques seront mis en place, pour faciliter l’approvisionnement en électricité et hydrocarbures. L’effort sera aussi porté sur les infrastructures de transport reliant les trois États.
Le ministre guinéen des Affaires étrangères, Morissanda Kouayté, a joué la carte de l’apaisement, expliquant que les organisations régionales n’étaient pas dans le viseur.
"Nous ne réinventons pas la roue, nous ne sommes pas contre l'Union africaine, nous ne sommes pas contre la CEDEAO. Nous voulons plutôt, à travers nos trois pays, donner l'exemple qu'on peut faire mieux, qu'on peut faire plus pour les populations africaines", a-t-il ainsi déclaré.
Pays en transition
Le Mali, la Guinée et le Burkina ont traversé des phases d’instabilité politique, essuyant plusieurs coups d’État ces dernières années. Les trois pays sont également aux prises avec le terrorisme, qui ravage la zone Sahel et se déplace de plus en plus vers le Sud.
Au Mali comme au Burkina, les populations contestent par ailleurs la présence française, militaire comme diplomatique. Bamako et Ouagadougou reprochent aux forces hexagonales d’avoir échoué dans leur lutte contre l’insécurité, accusant Paris d’avoir parfois frayé avec les groupes armés.