"Green Deal" européen: retour à la loi de la jungle pour le commerce mondial?

Bruxelles va répondre aux mesures protectionnistes de Washington en mettant sur pied son propre "Green Deal". De quoi faire voler en éclats les normes du commerce international.
Sputnik
Alors que l’Europe a dévoilé une feuille de route pour concurrencer les investissements verts réalisés par l’industrie américaine, certains observateurs s’inquiètent pour l’avenir des règles du commerce international. Le plan d’action européen pourrait en effet conduire à une guerre des protectionnismes, qui mettrait l'Organisation mondiale du commerce (OMC) hors-jeu, rapporte Bloomberg.
Les 500 milliards d’aides à l’industrie débloquées par l’administration Biden, via une loi qui joue avec les règles internationales, pourrait même pousser Bruxelles à se retirer de l’OMC.
L’UE a en effet menacé de poursuivre les États-Unis devant l’organisation, arguant des mesures discriminatoires pour les producteurs européens. Mais la patronne de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala préfère pour l’heure temporiser, invitant les deux puissances à régler leur désaccord entre eux plutôt que d’entraîner l’organisation dans un différend commercial.
"Le gros problème que nous avons est que certains instruments utilisés pour lutter contre le changement climatique sont contraires aux normes du commerce international. Je crains que nous entrions dans une période où une nouvelle forme d'interdépendance, le changement climatique, sera abordée avec des approches purement nationalistes", explique ainsi à Bloomberg Arancha González Laya, ancienne ministre espagnole des Affaires étrangères.

L’UE encore et toujours déchirée

Le plan d’investissements verts européen, présenté ce 1er février par la Commission européenne, reste encore à affiner. Il prévoit notamment un assouplissement des règles sur les aides d’État jusqu’en 2025. Un point qui affole d’ailleurs les petits pays de l’UE, qui n’ont pas la même capacité à soutenir fiscalement leurs industries.
Le Premier ministre belge Alexander De Croo a ainsi mis en garde contre une course aux subventions, souhaitant des "règles du jeu équitables entre les 27 États membres". La dirigeante italienne Giorgia Meloni trouve également le plan trop déséquilibré en matière d’aides étatiques et prévoit d’en informer son homologue allemand, rapporte Bloomberg.
La France et l’Allemagne pourraient profiter à plein de ce déséquilibre, comme ils l’ont fait avec l’assouplissement des règles européennes d’aides aux entreprises pendant la crise de l’énergie.
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