Le Nigeria vit une crise de liquidité, alors que le pays peine à renouveler sa devise nationale, le naira. À Lagos, des centaines d’habitants se sont retrouvés bloqués aux distributeurs automatiques, devant lesquels les files d’attente ne cessent de s’allonger.
Certains ont même passé la nuit devant les banques, espérant pouvoir retirer de l’argent en espèce. Des cas de disputes et de malaises à l’intérieur des banques ont été signalés.
"Je n'ai même pas pris de petit-déjeuner. Je veux acheter du lait pour mon nouveau-né, mais je n'ai pas d'argent pour en acheter. Je resterai dans cette file d'attente jusqu'à midi jusqu'à ce que je reçoive cet argent", explique à Bloomberg Nura Ismail, un commerçant qui a attendu sept heures dans une banque de Kano.
La crise a également touché les transports, les passagers ayant du mal à régler leurs tickets. Même refrain devant certaines stations-service. Les services de paiement numérique ont par ailleurs été submergés, les Nigérians se ruant vers les transferts en ligne.
Une refonte difficile
Ces incidents font suite à la refonte de la monnaie nationale, entamée par le gouvernement. La Banque centrale du Nigéria comptait notamment remplacer les coupures de 200, 500 et 1.000 nairas (respectivement 43 cents, 1,08 et 2,17 dollars). Une réforme entreprise en particulier pour lutter en contre les blanchiments d’argent.
Les anciens billets devaient être retirés de la circulation au 31 janvier, mais un délai avait déjà été accordé devant les perspectives d’une crise de liquidité. La Banque centrale a défendu sa décision de remplacer ainsi 2,7 billions de nairas (5,85 milliards de dollars), mais les critiques politiques ont commencé à pleuvoir, à moins de trois semaines des élections présidentielles.
L’actuel dirigeant nigérian, Muhammadu Buhari, a reconnu ce 3 févier des "difficultés" dans la mise en circulation des nouvelles coupures, tout en blâmant "l’égoïsme et la cupidité" des banques dans un communiqué.