Afrique en marche

L’ex-chef des Forces navales algériennes: les bases de l’Occident en Afrique minent la stabilité

Il y a 55 ans, le 1er février 1968, les troupes françaises se sont retirées de la base de Mers El Kébir en Algérie. Pour l’Afrique en marche Mohand Yala, ex-commandant des Forces navales algériennes, se penche sur les intérêts militaires et politiques de l’Hexagone dans la région de même que sur le sort des autres bases étrangères sur le continent
Sputnik
Le 18 mars 1962, les délégations du gouvernement français et du gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) signent à Évian, en Suisse, des accords qui reconnaissent l'indépendance de l'Algérie, mettant ainsi fin à 132 ans de colonisation. Néanmoins, ces accords autorisent la France à conserver la base navale de Mers El Kébir, dans l’Ouest de l’Algérie, durant 15 ans. Le 1er février 1968, les forces hexagonales se sont finalement retirées, laissant une possibilité plus grande au développement de la Marine algérienne.
"La présence militaire française dans la base navale de Mers El Kébir ne visait pas à maintenir cette grande infrastructure construite aux normes de l’Otan sous domination de la France mais à sécuriser le programme des essais nucléaires français dans le Sahara algérien, qui s’est achevé en 1967", affirme auprès de Radio Sputnik Afrique le général-major à la retraite, Mohand Tahar Yala, ex-commandant des Forces navales algériennes. "À partir de cette date, le général De Gaulle ne voyait pas l’intérêt de conserver cette base navale, malgré son importance hautement stratégique en Méditerranée, à cause des frais qu’elle occasionnait au budget de la Défense nationale", ajoute-t-il.
Par ailleurs la Méditerranée et l’Afrique restent le théâtre d’une présence militaire étrangère, principalement occidentale. Et c’est dans ce contexte que, depuis 2006 et dans le cadre de la coopération technico-militaire avec la Russie, l’Algérie a mis sur pied une politique de développement capacitaire significatif de sa marine.
"La montée en puissance de la Marine algérienne vise à développer les capacités nécessaires pour la défense de la souveraineté et du territoire nationaux, dans un espace fortement marqué par un déséquilibre des forces entre le Nord et le Sud", indique à L’Afrique en marche l’ex-chef de la Marine algérienne. Mohand Tahar Yala souligne qu’en termes de sécurité en Méditerranée, il aurait été préférable qu’il n’ait pas la présence de marines étrangères.
M.Yala considère que "les accords néocoloniaux et cette présence militaire visent à conserver les intérêts occidentaux", provoquant la "déstabilisation de ces pays". "Néanmoins, le fait est que la Méditerranée est un bassin où la Marine américaine est fortement présente. Aussi, toute présence d’autres puissances navales mondiales, comme la Russie ou la Chine, apportera un certain équilibre des forces salutaire pour tous les pays de la région, notamment ceux du Sud", estime-t-il.
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