"Les marchands d'armes hériteront de la terre, car les autres sont trop occupés à s'entretuer". La célèbre réplique du film Lord of War n’a jamais sonné aussi juste. En 2022, l’industrie américaine de l’armement a ainsi croulé sous les bénéfices, à en croire un rapport du département d'État.
Les ventes d’armes américaines à des pays tiers ont ainsi augmenté de 49% par rapport à 2021, atteignant plus de 51,9 milliards de dollars. Les ventes directes des fabricants d'armes établis aux États-Unis ont également augmenté, passant de 103,4 milliards de dollars en 2021 à 153,7 milliards de dollars en 2022.
Le département d'État ne se cache pas et attribue bien cette hausse spectaculaire aux "autorisations accordées pour soutenir les efforts de l'Ukraine".
En Europe, l’Allemagne a été gourmande, achetant en particulier 35 chasseurs F-35 pour 8,4 milliards de dollars. Ces achats avaient d’ailleurs suscité quelques inquiétudes outre-Rhin, le ministère allemand de la Défense s’inquiétant de la mise à niveau des terrains d’aviation nécessaire à ces nouveaux achats.
La Pologne a aussi dépensé 6 milliards de dollars pour l’achat de 250 chars M1 Abrams. De quoi jeter une lumière crue sur l’engagement de Varsovie aux côtés de Kiev, la Pologne ayant été en première ligne sur le dossier de la livraison de blindés.
Le Royaume-Uni, l'Espagne et la Bulgarie, nouveau membre de l'Otan, ont également effectué des achats importants en 2022.
L’Asie en croque aussi
Au-delà du théâtre ukrainien qui monopolise tous les regards, les livraisons d’armes américaines ont aussi été florissantes en Asie. Alors que les tensions se sont ravivées autour de Taïwan, l’Indonésie a renforcé son aviation avec 36 chasseurs F-15, pour près de 14 milliards de dollars.
Le Japon, la Corée du Sud et l’Australie ont aussi été acheteurs. Sans compter le paquet de 1,1 milliard de dollars pour Taïwan, approuvé par l’administration Biden.
Côté fabricants, Lockheed Martin s’en est mis plein les poches, augmentant ses revenus de respectivement 7,13% sur un an. Une paille comparée à Raytheon, fabricant des systèmes de défense aérienne Patriot, qui a vu lui ses bénéfices exploser de 18% en 2022. Le fabricant est d’ailleurs critiqué pour ses connexions en haut lieu, en particulier avec le secrétaire de la Défense américain Lloyd Austin, qui siège à son conseil d’administration.