Les États-Unis aspirent à un projet de loi censé endiguer l’activité "malveillante" de la Russie en Afrique. Par le biais de ce document, suspendu depuis des mois au Sénat, les Américains veulent légaliser une opposition contre la Russie à l’échelle mondiale, juge au micro de Sputnik le membre du Conseil pour la politique extérieure et de défense de la Russie, Dmitri Souslov.
La Russie s’engage beaucoup sur le sol africain: elle contribue à la sécurité, au développement économique pour les intérêts des pays africains. Or, les États-Unis lui poseront "un ultimatum" au cas où ce projet de loi est adopté:
"Si [les pays africains] coopèrent avec la Russie, ils en paieront le prix. Et les États-Unis imposeront des sanctions [contre eux], prendront d’autres mesures restrictives à leur encontre […]. Cela relève du chantage non déguisé, du colonialisme non déguisé", tonne le spécialiste des relations russo-américaines au Centre des études internationales à Moscou.
Renforcer les blocs de la Guerre froide
Il y a quelques jours, la ministre sud-africain des Relations internationales Naledi Pandor avait fustigé le projet de loi américain en question. Elle a jugé qu’il était "infondé, contraire au droit international" et devrait être "révoqué". Une prise de position saluée pleinement par le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.
"En effet", affirme Dmitri Souslov. "C’est un exemple de l’application extraterritoriale des sanctions américaines, de l’ingérence dans les affaires africaines […]. C’est une violation directe et fondamentale de la souveraineté des pays africains", souligne-t-il.
Selon l’expert en relations internationales, la création de blocs de pays est "une carte de visite" des États-Unis, à laquelle ils ont été fidèles pendant la Guerre froide.
"Ils ciblent à créer un bloc global contre [la Russie et la Chine], à restaurer les blocs de l’époque de la guerre froide tout en les complétant avec d'autres participants, en fait, à recréer une nouvelle division mondiale, soit une partie du monde sous les auspices des États-Unis contre la Russie et la Chine."
Quel avenir pour ce projet de loi?
Y a-t-il des risques qu’un document pareil soit adopté? Dmitri Souslov ne le nie pas, "car aux États-Unis, il existe un consensus anti-russe total, stable et presque absolu, et cette logique reflète la pratique actuelle de la politique étrangère américaine."
Or, l’expert est convaincu que l’adoption d’un document similaire nuira beaucoup aux relations des États-Unis avec les pays de la communauté internationale, avec les pays de l’Est et du Sud et avec les pays africains.
Qui plus est, "une majorité prépondérante des pays ne veut pas se laisser entraîner au bercail […] Ils souhaitent mener leur propre politique étrangère", est-il persuadé.
Certains représentants de l'establishment américain en sont conscients, juge l’expert. En effet, le projet de loi reste suspendu depuis l'année dernière, ce qui peut être dû à cette partie en désaccord avec la politique étrangère de Washington.