"Pour l'URSS, les relations avec les pays africains étaient un domaine important"

L’URSS a formé plusieurs cadres et construit des infrastructures en Afrique en soutenant ces États dans leur quête d’indépendance, martèlent auprès de Sputnik des experts africains. Une trentaine d’années après l’effondrement du bloc soviétique, la Russie reprend le dialogue avec le continent africain.
Sputnik
Alors que le 30 décembre marque le 100e anniversaire de la création de l’Union soviétique, des experts maliens et une spécialiste russe du monde africain évaluent auprès de Sputnik les liens ayant existé entre l’URSS et le continent africain.

"Le système soviétique s'était épuisé"

Ayant surgi sur les ruines de l’Empire russe en 1922, l’URSS a été pendant 69 ans la "vitrine" du socialisme, au détriment de certaines valeurs fondamentales. Des points de vue totalement opposés existent concernant l’évaluation du passé soviétique.
"Selon toute vraisemblance, le système soviétique s’était épuisé […]. Rien n'est éternel et le changement des structures est un processus politique naturel", rappelle Galina Sidorova, docteur en sciences politiques, cherсheuse à l’Institut de l’Afrique en Russie, professeur à l'Université linguistique d'État de Moscou Maurice Thorez et à l'Académie diplomatique du MAE de Russie.

Vers la fin du colonialisme

Toutefois, Mme Sidorova souligne le rôle que l’URSS a joué dans la libération de l’Afrique. Ainsi, l’Union soviétique "a contribué à la défense de l'indépendance et de la souveraineté, à la formation de l’État, à la formation des fondements de l'économie nationale et à la création de forces armées prêtes au combat", indique-t-elle, ajoutant que "pour l'URSS, les relations avec les pays africains étaient un domaine important de la politique étrangère".
"Avec le Président Modibo Keïta [Président du pays de 1960 à 1968, ndlr] à l'époque du Mali, nous nous sommes tournés vers l'URSS, dans plusieurs domaines, notamment le domaine de la sécurité, du renseignement, de la gestion des risques de catastrophes et de la lutte contre les stupéfiants. Mais aussi beaucoup, beaucoup de domaines, notamment le domaine industriel", indique à Sputnik l’historien malien Modibo Keita.
Malgré le fait que dès son indépendance le Mali se soit proclamé non-aligné, "l’URSS [a été] en réalité notre option", continue-t-il.

Formation des cadres

De 1961 à 1980, le nombre d'étudiants africains en Union soviétique a augmenté plus de 12 fois, selon Galina Sidorova.
Au total, l’Union soviétique a formé plus de 200.000 cadres qualifiés dans divers domaines: l’ingénierie, l’aviation, la construction, l’éducation.
"Les ingénieurs des mines, les agronomes, les électriciens sont sortis des universités de l'URSS pour fonder les soubassements de l'économie de la jeune nation naissante", confirme toujours auprès de Sputnik Mamou Sidiki Camara, dont le père, pilote de ligne au Mali, a été formé en URSS.

L’état actuel de la coopération

Bien après la désintégration de l’URSS en 1991, la Russie reprend actuellement le dialogue avec le continent africain.
"Il n'est plus possible d'ignorer l'Afrique à l'heure de la mondialisation, de la formation d'un espace économique mondial unique", rappelle Galina Sidorova.
"La Russie n'impose pas ses stéréotypes d'interaction et adhère au principe de ‘solutions africaines aux problèmes africains’", avance-t-elle.
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