"C'est aberrant": les propos de Borrell sur l’Afrique dénoncés par un journaliste malien

Le plus important, "c’est l'effectivité de notre coopération et nos relations de confiance" avec le Président russe. Au micro de Sputnik, un journaliste malien s’est exprimé sur les récents propos du chef de la diplomatie européenne qui doutait de la sincérité du soutien des Africains à la Russie.
Sputnik
Le vice-président de la Commission européenne, Josep Borrell, avait déclaré avoir des doutes quant à ce que les Africains ayant exprimé leur soutien à la Russie sachent qui est Vladimir Poutine et où se trouve le Donbass. "C'est une perception toujours paternaliste de la part des dirigeants européens, comme on peut le dire", a estimé auprès de Sputnik Moussa Naby Diakité, journaliste, directeur de publication du journal L'Élite (Mali).
"Alors aujourd'hui, parler sur ce ton-là, que les Africains ne connaissent même pas le Donbass, ne connaissent pas Poutine, ce n'est pas là la question! Mais la question qu'il faut regarder: ‘Qu'est-ce que Poutine comme Président de la Russie représente pour les Africains’. Le plus important ce n'est pas de le connaître, c’est aujourd'hui l'effectivité de notre coopération et nos relations de confiance. Et ce n'est pas à une autre personne de nous juger par rapport à la Russie", a fait valoir le professionnel de la presse.

"Ce n'est pas du tout une bonne posture"

Le journaliste a qualifié d’"arrogants" les propos de M.Borrell, rappelant le soutien que les dirigeants du continent noir avaient apporté à l'Europe, tout particulièrement à la France pendant l'attaque dont Charlie Hebdo a été victime.
"Nous avons vu des chefs d'État africains qui se sont joints aux chefs d'État européens pour marcher contre la barbarie et le terrorisme dont ils avaient été victimes. Et pourtant, on ne nous a pas dit qu'on ne connaissait pas Charlie Hebdo... Nous ne connaissions pas Charlie Hebdo, nous ne connaissions pas le Bataclan, mais nous les avons soutenus!"
Et d’ajouter que juger aujourd’hui "avec ce ton arrogant" le soutien de l’Afrique et la reconnaissance de bonnes relations d'amitié et de coopération, "c'est quand-même aberrant, surtout venant de l'Europe, que nous avons toujours soutenue, qui a toujours vécu de nous en grande partie, de notre sueur, de nos économies! C'est aberrant de leur part, c'est arrogant et ce n'est pas du tout une bonne posture."

Relation d'assujettissement

Le journaliste a également comparé les liens de l’Afrique avec l’Europe et avec la Russie. Selon lui, entre l’Europe et l’Afrique il existait toujours une relation "d'assujettissement".
"Nous sommes toujours pour eux des sujets, des opportunités de puiser dans nos économies. Mais nous n'avons jamais été traités d'égal à égal, contrairement à notre relation avec la Russie où nous avons des rapports commerciaux d'égal à égal. Où nous avons au moins du respect et de la considération de notre part, de notre avis, contrairement à notre relation avec eux [les Européens, ndlr]."
Pour le spécialiste, si les pays occidentaux veulent travailler avec l’Afrique, il faut "déjà sortir de cette politique-là, de cette pratique, de nous assujettir, de nous prendre pour des écervelés, comme si nous n'avions aucun droit à avoir des réflexions ou à avoir des sentiments envers ceux qui sont nos partenaires égaux".
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