Après la chute de l’Union soviétique, les pays européens ont réduit leurs budgets alloués aux militaires, à leurs armées et à leurs stocks de munitions, estimant qu’il n’y aurait jamais plus de guerre sur le terrain en Europe, écrit le New York Times.
D’après le quotidien, même les États-Unis ne possèdent que des stocks limités en armes dont les Ukrainiens ont besoin, et Washington n'est pas disposé à détourner des armes clés des régions sensibles comme Taïwan et la Corée du Sud.
Ainsi, neuf mois après le début du conflit, le manque de préparation fondamental de l'Occident est évident. Si, par exemple, en Afghanistan, les forces de l'Otan avaient pu tirer jusqu'à 300 obus d'artillerie par jour, en Ukraine la situation est tout à fait différente.
"Un jour en Ukraine équivaut à un mois ou plus en Afghanistan", a déclaré Camille Grand, expert en défense au Conseil européen des relations internationales et ex-secrétaire général adjoint de l'Otan pour les investissements de défense.
Manque de munitions
Déjà, certaines armes s'épuisent. En septembre, l'armée américaine disposait d'un nombre limité d'obus d'artillerie de 155 mm ainsi que de roquettes guidées, de lance-roquettes, d'obusiers, de Javelin et de Stingers, estime Mark Cancian, conseiller principal au Centre d'études stratégiques et internationales de Washington.
D'après lui, la pénurie d'obus d'artillerie de 155 mm inquiète probablement le plus les chefs. En effet, l'été dernier, dans la région du Donbass, les Ukrainiens tiraient 6.000 à 7.000 obus d'artillerie chaque jour, alors que les Russes en tiraient 40.000 à 50.000 par jour, a précisé un autre haut responsable de l'Otan.
À titre d’exemple, les États-Unis ne produisent que 15.000 obus chaque mois. Dans cette situation, poursuit le New York Times, l'Occident fait tout pour trouver des équipements et des munitions de l'ère soviétique de plus en plus rares que l'Ukraine pourrait utiliser, y compris des missiles de défense aérienne S-300, des chars T-72 et surtout des obus d'artillerie de calibre soviétique.
Il y a même des discussions sur des investissements de l'Otan dans d'anciennes usines en République tchèque, en Slovaquie et en Bulgarie pour relancer la fabrication d'obus de calibre soviétique de 152 mm et 122 mm pour l’artillerie ukrainienne.
Les efforts de l’Alliance
Au total, les pays de l'Otan ont jusqu'à présent fourni quelque 40 milliards de dollars d'armement à l'Ukraine, soit à peu près la taille du budget annuel de la défense française, poursuit le NYT. Si 20 des 30 membres de l’Alliance ont presque épuisé leurs stocks, les 10 autres peuvent encore fournir plus. Il s’agit surtout des alliés les plus importants comme la France, l'Allemagne, l'Italie et les Pays-Bas.
Cependant, souligne le quotidien, l'Allemagne et la France, tout comme les États-Unis, veulent calibrer les armes dont dispose l'Ukraine, pour empêcher l'escalade et les attaques directes contre la Russie.
Armes anciennes et moins chères
Quant aux États-Unis, si les responsables américains insistent sur le fait que leur armée dispose encore suffisamment de matériel pour continuer à approvisionner l'Ukraine, ils envisagent également des alternatives plus anciennes et moins chères, comme, par exemple, des missiles antichars TOW, qui sont en abondance, au lieu des Javelins, et des missiles sol-air Hawk au lieu des versions plus récentes.