"Emprise sur le monde": un ex-ministre sur l’accord ayant saccagé l’Algérie au profit de l’Europe

Les eurodéputés exigent la révision de l’Accord d’association entre l’UE et l’Algérie. Or, c’est bien la volonté d’Alger depuis des années, cet accord enrichissant l’Europe "au détriment de l’industrie algérienne", explique au micro de Sputnik un ex-ministre Ferhat Ait Ali.
Sputnik
Il y a une dizaine de jours, 17 eurodéputés ont exhorté Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, à reviser l’accord d’association entre l’UE et l’Algérie, au motif que cette dernière est bénéfique pour la Russie.
Cependant, la partie algérienne se bat "pour la quasi dénonciation de ces accords et non pas pour leur révision". Mais la Commission européenne refuse de le faire, explique au micro de Sputnik Ferhat Ait Ali, ex-ministre algérien de l’Industrie.
"Ces accords sont unilatéraux, enrichissant l’Europe par le biais du libre-échange à sens unique, au détriment de l’industrie algérienne qui se trouve actuellement dans un état de désertification avancé", analyse M.Ait Ali.

"Une emprise sur le monde"

Pour être juste, une renégociation a été acceptée par les Européens en 2017, qui a permis à l’Algérie de recevoir "un délai supplémentaire de trois ans pour mettre en place un démantèlement tarifaire complet", mais ensuite la pandémie de Covid-19 a éclaté. Qui plus est, à l’époque, l’Algérie traversait une crise économique et financière depuis la chute des prix du pétrole en 2014.
Dans ces conditions, "faire pression sur le gouvernement algérien [...] était aussi bien criminel que révélateur de la nature exacte de ce genre d'accords et des gens qui les ont conclus avec nous", juge Ferhat Ait Ali.
"Ces gens veulent une emprise sur le monde. C’est dans ce sens que l’Algérie a été maintenue dans un statut de fournisseur net de ressources naturelles et d’importateur captif des marchandises européennes, dont les producteurs n’arrivaient plus à vendre dans le monde à cause de leur manque de compétitivité", déplore l’ancien ministre.
Actuellement, le marché asiatique fournit beaucoup de produits "qui jadis étaient achetés en Europe", mais pour des prix moins chers malgré les taxes.
"Juste avec ses avantages comparatifs en matière de privilèges douaniers, l'Europe n'était plus compétitive. Mais malgré cela, la Commission européenne a continué dans son aveuglement, refusant contre vents et marées toute renégociation de ces accords", observe Ferhat Ait Ali.

"Ils sont idiots"

Tenant compte de cette situation, la demande des eurodéputés est "quasiment tragicomique" puisque ces derniers croient que cet accord est en faveur de l’Algérie, poursuit l’ancien ministre.
"Ils sont tellement idiots qu'ils demandent à leur Commission de faire exactement ce que nous demandons depuis des années".
Quel en sera le résultat? Pour Ferhat Ait Ali, il est évident que "la Commission ne les suivra pas dans cette démarche car manifestement, ils n'ont pas lu les chiffres des échanges et constaté les résultats désastreux de ces accord sur l'Algérie et non pas sur l'Europe".
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