ONG françaises interdites au Mali: "Le mal de la France en Afrique n’a même pas encore commencé"

Dans un entretien à Sputnik, un spécialiste en géopolitique a débattu de sujets brûlants comme l’interdiction au Mali des ONG financées par la France ou les tentatives d’Emmanuel Macron de rétablir des liens avec l’Afrique. Cet objectif pourrait toutefois ne pas être atteint dans le contexte actuel, juge l’analyste.
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Récemment, le Président français a désigné le rétablissement des liens avec le continent africain comme une priorité de son mandat. Cependant, cette mission pourrait ne "jamais" être accomplie, "et pas seulement avec le Mali, mais avec l’Afrique", a estimé au micro de Sputnik Adama Diabaté, spécialiste en géopolitique, directeur adjoint à l’Institut universitaire pour le développement territorial (IUDT) à Bamako.
"Et je vous assure que le mal de la France en Afrique n’a même pas encore commencé", a indiqué le spécialiste.
Il constate un "réveil chez les Africains, et pas seulement chez les intellectuels, qui ont finalement compris le fond des relations, qui étaient une exploitation unilatérale de l’Afrique".
"Macron dit que l’amélioration des relations avec l’Afrique est une priorité. Macron est obligé de le dire parce que la France ne peut plus opérer dans d’autres coins du monde. Mais le problème est que tant que Macron est là, c’est impossible."

Situation autour des ONG au Mali

Abordant le sujet de l’interdiction par le gouvernement de transition malien des organisations non-gouvernementales financées par la France, M.Diabaté a souligné que cela allait "créer beaucoup de problèmes aux Français en général".
"Comme vous pouvez le deviner, ils travaillent à travers ces ONG ici (…). C’est à dire que ces ONG sont reliées directement au Quai d’Orsay. Officiellement on ne dit pas ça, mais nous sommes au courant."

Pression occidentale

L’universitaire a également commenté les propos du ministre malien des Affaires étrangères, lequel a déclaré que les pays occidentaux imposaient leurs valeurs aux États africains et négligeaint le fait qu’ils pouvaient participer activement aux relations internationales.
Pour lui, les Occidentaux, qui "ont vécu des colonies, de l’escroquerie" pendant 500 ans, "sont mentalement élevés et éduqués dans ce sens que tout le monde doit les servir".
"C’est une suprématie hégémoniste culturelle de l’Occident, tout le sens du globalisme c’est ça: ˝Nous avons une culture qui est meilleure que la culture des autres˝, ˝Les autres nous envient˝ (…). Et aujourd’hui, les pays africains disent à la France qu’ils veulent avoir les droits de partenariat libre, que leur souveraineté soit préservée et ˝que les intérêts de nos peuples soient respectés dans tout ce que nous faisons avec vous˝", a affirmé l’analyste.
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