Donbass. Opération russe

Un politologue américain démonte le mythe d’une Russie impérialiste

À l’heure où plusieurs voix s’élèvent en Occident pour demander la tenue de pourparlers entre Moscou et Kiev, certains continuent de s’interroger sur les causes profondes du conflit. Le politologue américain John Mearsheimer estime que le conflit en Ukraine n’a pas pour source des visées impérialistes russes, mais bien l’expansion de l’Otan.
Sputnik
L’opération spéciale russe en Ukraine ne s’explique pas par les ambitions impériales de Vladimir Poutine, contrairement à une idée ancrée aux États-Unis, mais par les tentatives des pays occidentaux de mettre la Russie au pied du mur en élargissant l'Otan, a déclaré le politologue John Mearsheimer dans une interview au magazine américain The New Yorker.
"L’idée reçue aux États-Unis est qu'il ne s'agit pas d'équilibre des forces mais, qu’en fait, Poutine est un impérialiste qui souhaite conquérir l'Ukraine pour l'intégrer à une plus grande Russie. Je ne pense pas que ce soit le cas. Je ne pense pas qu'il avait ou ait des ambitions impériales. Ce qui le motive, c'est la peur que l'Ukraine devienne membre de l'Otan", explique ainsi John Mearsheimer.
Cette avancée de l’Otan jusqu’aux frontières russes a été perçue comme une "menace existentielle" par Moscou, qui l’a d’ailleurs martelé depuis des années, précise le professeur de relations internationales à l'Université de Chicago.
"Vladimir Poutine a été très clair, comme tous ses lieutenants", souligne John Mearsheimer, qui s’étonne qu’on taxe le Président russe d’"impérialiste", alors que celui-ci avait clairement tracé une ligne rouge avec l’Ukraine.
"Il se peut que dans 30 ans, nous déverrouillions les archives et découvrions des preuves massives qu'il était un impérialiste dans l'âme. C'est possible, mais nous n'avons aucune preuve de ce genre pour le moment. Nous avons par contre énormément de preuves montrant que c’est l'expansion de l' Otan […] qui l'a motivé à attaquer le 24 février", déclare ainsi le politologue.

Extension de l’Otan

Depuis la chute de l’Union soviétique, l’Alliance atlantique n’a eu de cesse de s’étendre vers l’Est. L’Otan a accueilli la Pologne en 1999, puis les trois États baltes en 2004. Dernièrement, la Suède et la Finlande ont réclamé leur entrée dans l’organisation.
Cette stratégie agressive de l’Otan a été dénoncée par Moscou, mais également par d’autres acteurs régionaux comme l’Iran. En France, des personnalités politiques comme Éric Zemmour ou Jean-Luc Mélenchon ont aussi demandé à mettre un frein à l’extension de l’Alliance atlantique.
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