Fin octobre,
trois membres du gouvernement ivoirien ont accueilli à Abidjan une délégation de haut niveau du secteur privé algérien. Mamadou Sangafowa Coulibaly, ministre ivoirien des Mines, du pétrole et de l’énergie, a alors appelé à l’exploration des échanges Sud-Sud pour assurer le développement de l’Afrique qui ne tire pas, selon lui, grand profit de la collaboration avec les multinationales occidentales.
Pour en savoir plus sur les perspectives d’un tel partenariat, Sputnik s’est adressé à l’ancien ministre algérien de l’Énergie et ex-PDG de Sonatrach Abdelmadjif Attar.
À son avis, l’Algérie est "en mesure de jouer un rôle important en matière de partenariat Sud-Sud et gagnant-gagnant" car ce poste est parfaitement compatible avec "les capacités de Sonatrach, d’une part, dans l’engagement en avant sur le terrain avec des licences d’exploration-production à acquérir, et d’autre part, ses filiales en matière de services pétroliers".
D’après lui, "il faudra être compétitif et se battre par rapport à toutes les grandes compagnies internationales qui sont en train faire le forcing pour consolider leurs positions un peu partout. Il n'est pas trop tard, mais il faut aussi prendre des initiatives pour cela, et vite!"
Le responsable d’exploitation d'une compagnie pétrolière en Côte-d’Ivoire, Konan Kouassi Dieudonné, évoque lui aussi le potentiel du partenariat Sud-Sud. Auprès de Sputnik, il relève que les pays africains ont très peu de relations commerciales entre eux et qu’à l'intérieur du continent, le volume des échanges est minime en comparaison avec celui réalisé avec des pays situés hors d'Afrique.
Cependant, ces dernières années, les Africains manifestent une certaine volonté d’accroître les échanges intracontinentaux. La rencontre à Abidjan en est un bon exemple.
Pour lui, une telle rencontre est également l'occasion de nouer des contacts pour diversifier les nouvelles collaborations, de briser les monopoles des partenaires traditionnels et de favoriser le multilatéralisme afin d'être moins dépendant de certains pays du Nord.
Dans ce contexte, M.Konan rappelle que les pays sont victimes de leur passé colonial avec les multinationales occidentales qui "ne font pas un véritable transfert de technologies" et n’assurent pas "la formation des compétences locales". Pour cette dernière raison, les postes de haut niveau sont réservés à des expatriés. Le responsable dénonce, en outre, des contrats "opaques et désavantageux" et souligne qu’"en effet, c'est tout un système qu'il faut revoir".
Il s'agit de nouer des partenariats équilibrés, gagnant-gagnant dans le respect de la souveraineté des uns et des autres et surtout veiller à un véritable transfert de compétences", a-t-il conclu.