Situation tendue avec l’offensive des rebelles en RDC, la Monusco procède à un "retrait stratégique"

Alors que les rebelles du M23 progressent en RDC, l’est du pays fait face à un exode de la population civile à hauteur de 50.000 déplacés. La mission onusienne, la Monusco, quitte aussi la zone des combats, caillassée par des civils mécontents. Le Kenya annonce y envoyer ses militaires pour soutenir l’armée congolaise.
Sputnik
De nouvelles tensions en RDC sur fond d’offensive des rebelles du M23 contre l'armée gouvernementale et de retrait du contingent onusien.
La tension est particulièrement vive dans la province du Nord-Kivu depuis la résurgence du M23 ("Mouvement du 23 mars"), une ancienne rébellion tutsie qui a repris les armes en fin d'année dernière. L'organisation est qualifiée de terroriste par Kinshasa.
Après des semaines d'accalmie, le M23 est à l'offensive depuis le 20 octobre dans le territoire de Rutshuru, où elle s'est emparée de villes sur un axe routier stratégique desservant Goma. Les rebelles ont notamment atteint ces derniers jours Rumangabo, siège d'une base de l'armée congolaise et du quartier général du parc national des Virunga.

Les soldats de la paix quittent la zone

Condamnant "l’offensive inacceptable" du M23, la Mission de l'Organisation des Nations unies pour la stabilisation en RDC (Monusco) a annoncé sur Twitter son retrait de Rumangabo.
Pour la Monusco, il s’agit d’un "retrait stratégique et tactique", réalisé "en concertation avec [ses] partenaires, pour mieux préparer ensemble les prochaines étapes".
Cette démarche onusienne a provoqué l’ire de la population locale qui réclame cependant le retrait total des Casques bleus du pays depuis des mois. Le convoi de la mission a été arrêté à un point de contrôle de l’armée congolaise à Kanyaruchinya, à 8 kilomètres de Goma.
Il a été visé par des jets de pierres de manifestants. Deux soldats de la paix ont été blessés et un véhicule de la mission a été brûlé. Après des coups de semonce, la mission a réussi à se retirer de la zone.
En réagissant à des rumeurs de complicité de la Monusco avec le M23, les forces armées congolaises (FARDC) ont déclaré que l’autorité provinciale était au courant du déplacement de la mission. Elles ont aussi rappelé que cette mission est "un partenaire".
À son tour, la Monusco annonce rester "aux côtés des FARDC en posture offensive, contre les agressions du M23. Les Casques bleus patrouillent constamment sur la RN2 afin d'assurer un couloir humanitaire aux populations civiles qui fuient les combats". Selon le contingent, quatre Casques bleus ont été blessés.

Des dizaines de milliers de déplacés

L’intensification des combats a forcé près de 50.000 personnes à quitter leurs maisons en 11 jours dans l’est du pays, selon les données de l’Onu. Plus d’une dizaine de civils ont été tués, une quarantaine ont été blessés.
Un appel à la "mobilisation générale" pour la défense du pays a été lancé par le ministre congolais de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya.
Le Kenya a annoncé l'envoi de troupes en RDC pour combattre les rebelles que le Rwanda est accusé de soutenir. Celui-ci le nie systématiquement.
Discuter