Les échanges entre l’Algérie et la Russie se consolident de plus en plus ces dernières années. "Notre pays s’est engagé à diversifier ses clients et ses fournisseurs" pour pouvoir renforcer la croissance économique, a expliqué à Sputnik Souhila Berrahou, docteur en économie et chercheuse en relations internationales de l'École nationale des sciences politiques à Alger.
La spécialiste a ainsi commenté l’achat par l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) entre 400.000 et 480.000 tonnes de blé. L’organisation ne dévoile pas les détails mais, en 2021, l'Algérie avait acheté plus de 300.000 tonnes de blé russe. Cette année, Moscou est aussi considéré par la presse comme le fournisseur principal.
"La Russie s’oriente de plus en plus vers l’Afrique"
D’après Souhila Berrahou, "la Russie a été un client potentiel pour l’Algérie, ce qui s’inscrit dans les nouvelles orientations commerciales". Moscou se tourne "de plus en plus vers l’Afrique, et l’Algérie est un pays très important dans la région. Ces relations très étroites avec la Russie facilitent toutes les relations avec l’Afrique", estime-t-elle.
Mme Berrahou a ajouté que l’Afrique était "très menacée par les pénuries de toute sorte, surtout le blé", d’où vient la nécessité de diversifier ses importations de céréales. "Cette nouvelle orientation va se développer pour avoir plus d’échanges et pourquoi pas autour d’autres matières aussi stratégiques que le blé", constate la chercheuse.
Relations stables et amicales avec la Russie
"La crise économique que connaît en ce moment l’Europe, en l’occurrence les pays les plus forts économiquement -la France et l’Allemagne-, c’est à cause de leur choix politique et économique faussé; ils ont prouvé leurs échecs ces dernières années. Il serait plus sûr d’avoir des amis et des alliés (…) plus forts économiquement, avec lesquels on a eu des relations plus stables et amicales, comme la Russie, même si la géographie n’est pas très propice", a souligné l’analyste.
Souhila Berrahou a rappelé que c’est l’Égypte qui est le premier producteur de blé en Afrique, mais que cette production ne suffit pas à la demande intérieure. Les tensions géopolitiques, et surtout la crise en Ukraine, ont démontré "que le monde pourrait être menacé de famine à n’importe quel moment pour des raisons énergétiques ou de carence en denrées alimentaire due à plusieurs problèmes d’acheminement, en l’occurrence le blé", a-t-elle résumé.