Ce mercredi 5 octobre, les représentants des treize membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et leurs dix alliés ont convenu d'une baisse de deux millions de barils par jour.
Réduire la production du brut pourrait avant tout entraîner le déclin de certaines économies nationales, estime Seyyed Masoud Hashemiyan Isfahani, ancien chef du département de l'économie et des investissements du ministère iranien du Pétrole.
"Et il ne s’agit pas de la Russie. Les pays producteurs de pétrole dont l'économie se base uniquement sur les revenus pétroliers seront touchés en premier lieu. L'Arabie saoudite, qui produit le pétrole mais ne le raffine pas, sera particulièrement affectée. Ces réductions entraîneront de graves déficits budgétaires pour les économies nationales des pays exportateurs de pétrole", explique-t-il à Sputnik.
Selon M.Isfahani, la politique menée par Washington est l’une des raisons pour laquelle l'Opep+ a pris cette décision. "Aujourd'hui, les États-Unis tentent avec persévérance de s'imposer comme exportateur d'énergie sur le marché mondial afin de le dominer, ils essaient donc de mettre en œuvre une stratégie pour limiter les ventes de pétrole provenant de la Russie".
Il est important pour l’Opep+ que le prix du pétrole sur le marché soit fixe, "et non flottant et en baisse, comme le souhaitent les États-Unis". Par conséquent, des pays comme l'Iran et la Russie, qui font l'objet de sanctions économiques, s'opposeront et tenteront de contrecarrer le plan américain visant à faire baisser le prix du pétrole.
"La seule façon de sortir de cette situation est de réduire la production de pétrole, ce qui augmentera la valeur d'exportation de la ressource énergétique", a résumé l’analyste.
Excédent pétrolier
Pour sa part, Alexeï Gromov de l'Institut de l'énergie et des finances évoque un excédent de pétrole sur le marché mondial observé ces derniers mois:
"Cela n'est pas tant dû aux actions des pays de l'Opep+ qu'à une certaine diminution de la demande. Les restrictions imposées par la pandémie de Covid, qui ont été en vigueur pendant la majeure partie de l'année, ont produit leur effet. En général, le monde connaît un ralentissement de la croissance de la demande de pétrole", a dit M.Gromov.
La deuxième cause, selon lui, est la politique menée par les États-Unis qui, depuis ce printemps, vendent leurs réserves stratégiques de pétrole, en augmentant l'offre sur le marché mondial.
"La réduction de la production de deux millions de barils fera monter les prix, mais cette augmentation ne sera pas si importante. Les prix reviendront à peu près dans la fourchette de l'été dernier pour se situer au-dessus de 90-95 dollars. Peut-être qu'à certaines périodes, ils atteindront les 100 dollars le baril", a indiqué Alexeï Gromov.