Crise gazière: l’Allemagne risque de perdre son système industriel

L’Allemagne risque de perdre son système industriel suite à la crise énergétique et au ralentissement des ventes de ses produits vers la Chine, avance le magazine britannique The Economist.
Sputnik
La montée en flèche des prix du gaz naturel et le ralentissement de la Chine, le plus grand partenaire commercial de l’Allemagne, pourraient avoir des conséquences désastreuses pour son industrie, rapporte l’hebdomadaire britannique The Economist. Ce modèle en partie construit sur l’énergie bon marché russe et la demande chinoise abondante est mis à rude épreuve.
"La substance de notre industrie est menacée", avertit Siegfried Russwurm, le patron de la Fédération des industries allemandes BDI.
"La situation semble être "toxique" pour de nombreuses entreprises. Et à travers les chaînes d'approvisionnement mondialisées, le poison pourrait se propager au reste du monde industrialisé, qui dépend fortement des fabricants allemands.
Le plus gros problème de l'industrie allemande est la flambée des prix de l'énergie suite aux sanctions frappant la Russie. Le prix de l'électricité pour l'année prochaine a déjà été multiplié par 15, et le prix du gaz par dix", poursuit-il.

Les petites entreprises les plus touchées

Selon The Economist, les petites entreprises sont les plus durement touchées. Près d'un quart de celles de moins de 1.000 employés ont annulé ou refusé des commandes ou envisagent de le faire, contre 11% de celles de plus de 1.000 employés.
Le magazine a accordé une attention particulière au secteur de la panification.
"Au pays des plus de 3.000 types de pains, environ 10.000 producteurs luttent comme jamais auparavant dans l'Allemagne d'après-guerre. Ils ont besoin d'électricité et de gaz pour chauffer les fours et faire fonctionner les pétrins, même s'ils doivent faire face aux coûts plus élevés de la farine, du beurre et du sucre, ainsi que des boulangers. Un vendeur de la chaîne de boulangeries Wiedemann, vieille de 127 ans, à Berlin, rapporte que l'entreprise manque désespérément de personnel et essaie d'économiser de l'énergie, par exemple en gardant les fours de sortie au frais et en cuisant tous les pains au siège", signale le média.
Une enquête récente, menée par la BDI auprès de 600 entreprises de taille moyenne, a révélé que près d'une sur dix interrompait ou réduisait sa production en raison des coûts élevés des intrants.

Des géants industriels réduisent la production

Les grandes entreprises à forte consommation d'énergie telles que la chimie ou l'acier sont confrontées à une situation similaire, exacerbée par la nécessité de rivaliser avec des concurrents d'autres pays où le coût de l'énergie est plus bas.
Le magazine cite à titre d’exemple Basf, un géant de la chimie qui utilise le gaz naturel à la fois comme source d'énergie et intrant. L’entreprise a déjà réduit sa production et devra peut-être le faire davantage. Thyssenkrupp, un autre grand sidérurgiste, a perdu la moitié de sa valeur marchande depuis janvier.
ArcelorMittal, géant de l'acier, a annoncé son intention de fermer deux usines dans le nord de l'Allemagne et de mettre des employés en congé. Stickstoffwerke Piesteritz, le plus grand producteur allemand d'ammoniac et d'urée, deux intrants chimiques importants, a fermé ses usines en Saxe-Anhalt.
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