Après avoir annoncé son intention de restreindre le droit du sol à Mayotte, collectivité d'outre-mer française marquée par une forte immigration clandestine et la criminalité, le ministre de l’Intérieur a également évoqué l’éventuelle création de maisons de correction pour les mineurs délinquants, encadrées par des militaires. Une initiative qui a suscité l’ire de plusieurs députés de gauche.
Gérald Darmanin a promis de donner suite à cette idée évoquée par Emmanuel Macron pendant sa campagne présidentielle.
Il s’agit de "lieux encadrés par des militaires, qui sont des lieux de rééducation, de redressement d'une partie des enfants, des adolescents très jeunes, qui n'ont pas de parents, ou si peu. On l'a vu un peu à la Réunion, on le voit beaucoup ici à Mayotte", a-t-il expliqué le 22 août lors de son déplacement sur cette île de l’océan Indien.
Une déclaration qui fait suite à la proposition de diminuer l’attractivité de Mayotte, archipel situé dans le canal du Mozambique et submergé par des migrants venant principalement des Comores voisines. En effet, pour lutter contre l’immigration irrégulière, le ministre français veut durcir les règles du droit du sol dans ce département.
Discrimination et colonialisme
Certains représentants de gauche ont rapidement réagi en fustigeant cette éventuelle mesure.
"Tout ça pue le pétainisme, le colonialisme et la xénophobie. (...) Darmanin et Macron racolent l'extrême droite", houspille le député LFI des Hauts-de-Seine Aurélien Saintoul.
Pour Bastien Parisot, en charge de la stratégie numérique de Jean-Luc Mélenchon et de la Nupes, il s’agit d’une "folie identitaire et sécuritaire".
Le député LFI Bastien Lachaud qualifie cette proposition d’"insensée", vue comme "une ignominie et une insulte pour Mayotte, les militaires, la réinsertion".
Enfin, il se demande sur un ton sarcastique s’il ne fallait pas réinventer le bagne de Cayenne en Guyane française. Connu pour ses châtiments inhumains et une forte mortalité en raison des maladies tropicales, il a été fermé en 1946 après presque une centaine d’années d’existence.
Le même ton se manifeste dans la réaction d’Esther Benbassa, sénatrice écologiste.
Enfin, pour la Ligue des droits de l’homme, il s’agit de propos "rétrogrades et discriminatoires".
Une proposition de longue date
Toutefois, cette proposition est loin d’être nouvelle. Une initiative similaire avait déjà été développée de 1984 à 2004, sous l'appellation "Jeunes en équipe de travail". En 2006, elle a été prônée par Ségolène Royal, lors de sa campagne présidentielle de 2007. Nicolas Sarkozy l’a raillée avant de changer d’avis en 2011.
Emmanuel Macron a également parlé de la nécessité d’"avoir des moyens pour les mineurs". Parmi les options possibles figuraient "la rétention dans un environnement militaire" et "des travaux d’intérêt général sous contrôle".