"Tous les feux sont totalement maîtrisés", a déclaré à l'AFP le colonel des pompiers, Farouk Achour, sous-directeur de l'information et des statistiques à la Protection civile.
Le bilan officiel est de 37 morts avec 30 victimes à El Tarf près de la frontière avec la Tunisie, parmi lesquelles 11 enfants et six femmes. Cinq autres décès ont été enregistrés à Souk Ahras (est) et deux à Sétif (est). Mais les médias font état d'une 38e victime, un homme de 72 ans mort à Guelma (est).
Chaque été, le nord de ce pays du Maghreb est touché par des feux de forêt mais ce phénomène s'accentue d'année en année sous l'effet du changement climatique qui se traduit par des sécheresses et des canicules. L'été 2021 a jusqu'ici été le plus meurtrier: plus de 90 personnes avaient alors péri dans des feux de forêt ayant dévasté le nord, en particulier la Kabylie.
Pendant deux jours, plus de 1.700 pompiers ont lutté pour venir à bout de plus de 70 foyers d'incendies, qui ont fait aussi environ 200 blessés, dont certains gravement brûlés.
Plusieurs médias parlent de disparus, sans confirmations officielles pour le moment. Des tests ADN doivent être effectués sur certains cadavres non identifiés.
Le ministère de la Solidarité nationale a annoncé "une prise en charge psychologique et sociale" des victimes.
Des familles entières ont péri, notamment une douzaine de personnes prises au piège d'"une tornade de feu", dans un autocar devant le parc animalier d'El Kala, dans la zone d'El Tarf.
Une équipe AFP a vu la carcasse carbonisée du car, de plusieurs voitures, et rencontré des paysans qui ont tout perdu, comme Hamdi Gemidi, 40 ans, encore sous le choc de voir son cheptel qui a été brûlé.
"C'est notre gagne-pain, nous sommes agriculteurs, nous élevons du bétail comme des moutons, des vaches, des poulets et des bovins. Nous n'avons nulle part où aller et rien pour gagner notre vie", a-t-il dit à l'AFP.
Non loin de là, Ghazala, une agricultrice de 81 ans, a vu sa maison, son chien et son chat engloutis par le feu. "Des gens sont venus me dire d'évacuer la maison car je risquais de brûler, mais je m'en fichais à cause de mon chagrin. J'avais accepté mon sort, mais les sauveteurs m'ont fait sortir avec quelques animaux qui ont été épargnés. Je ne sais pas où aller maintenant, dois-je rester dans les champs, les forêts ou les montagnes?"
Des collectes de vêtements, de médicaments et de nourriture ont démarré au profit des victimes.
Des particuliers en Algérie ou à l'étranger ont relayé des appels sur les réseaux sociaux et orienté les gens vers des sites où déposer ces dons.
Une enquête ouverte
Jeudi, des dizaines de camions chargés de plusieurs tonnes d'aide humanitaire sont arrivés à El Tarf en provenance plusieurs villes, selon un communiqué de cette préfecture.
Par solidarité également, toutes les activités artistiques du pays ont été reportées après le drame.
Le ministère de la Justice a ouvert une enquête pour déterminer si certains incendies étaient d'origine criminelle.
Quatre arrestations ont déjà été annoncées: "un pyromane" à Souk Ahras où plus de 350 familles ont fui leurs logements et où un hôpital proche d'une zone boisée a dû être évacué, et trois autres hommes près d'El Tarf, à 200 km de là. Ils sont accusés d'avoir incendié les récoltes d'un voisin, sans que pour le moment un lien ne soit établi avec les feux qui ont dévasté cette zone.
Des experts ont critiqué des lacunes dans le dispositif anti-incendies, notamment un manque d'avions bombardiers d'eau et des forêts mal entretenues.
Depuis le début du mois d'août, plus de 200 incendies en Algérie ont détruit des centaines d'hectares de forêts et taillis, selon une compilation faite par l'AFP.