"Nous sommes entrés dans une nouvelle ère", a prononcé dimanche 27 février le chancelier allemand, Olaf Scholz, lors d’une séance d’urgence au Bundestag. Après avoir annoncé un investissement de 100 milliards d’euros pour renforcer l’armée, décision inhabituelle pour un pays sous-militarisé depuis des décennies, il estime que la situation en Ukraine est "un tournant" pour la politique étrangère allemande.
"Nous n'abandonnerons pas le dialogue avec la Russie", a-t-il déclaré, car "tout ce qui n'est pas de la diplomatie serait irresponsable […] mais nous ne pouvons pas être naïfs". Il a souligné que la voie diplomatique avec Moscou "rest[ait] pertinente", mais dénonce un manque de dialogue de la part de Vladimir Poutine.
"À long terme, la sécurité ne peut être assurée contre la Russie", a-t-il poursuivi, estimant qu’elle "mena[çait] la sécurité" européenne.
Fourniture d’armes
Alors que Berlin refusait jusqu’à maintenant de fournir des armes à d’autres pays, même aux régions en crise, la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock en a décidé autrement.
"Il est nécessaire de changer notre politique étrangère à 180 degrés au bon moment et en toute conscience. Aussi tragique que cela puisse être, le moment est venu", a-t-elle déclaré lors de la même réunion parlementaire.
Gaz russe
Cinq jours après avoir suspendu l’autorisation du gazoduc Nord Stream 2, M.Scholz a également annoncé la construction de deux terminaux de GNL (gaz naturel liquéfié) afin de réduire la dépendance de l’Allemagne "aux importations de certains fournisseurs d’énergie" et le développement d’infrastructures d’énergie renouvelable.
De son côté, Moscou a souligné à plusieurs reprises que ce projet de gazoduc était purement commercial et qu’il profitait à toutes les parties, à l’heure où l’Europe traverse une crise énergétique sans précédent.