Intervenant lors d’une audition au Sénat le 16 février, le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères a largement abordé l’actuelle escalade de la crise ukrainienne.
Il a noté que la position de fond sur cette affaire résidait dans les accords de Minsk et que le format pour gérer la crise était le format Normandie.
Il a également déclaré que Vladimir Poutine avait informé Emmanuel Macron de l’initiative du législateur russe de demander de reconnaître les républiques autoproclamées de Donetsk et de Lougansk.
Le 15 février, la Douma a voté un appel au Président sur la nécessité de reconnaître les républiques du Donbass afin d’assurer les garanties de sécurité et de protéger leurs habitants des menaces extérieures.
Les dirigeants de Donetsk et de Lougansk, Denis Pouchiline et Leonid Passetchnik, ont salué la décision des députés de la Douma.
Ce que Poutine a indiqué à Macron
"La Douma a voté un texte reconnaissant l’indépendance du Donbass. De deux régions, de Donetsk et de Lougansk… Le Président Poutine a indiqué au Président Macron que c’était une initiative du Parti communiste russe et qu’il ne prendrait pas cette initiative à leur compte. Très bien. Si ce processus-là allait jusqu’à son terme, le processus de Minsk tombe, il n’existe plus", a signalé Jean-Yves Le Drian.
M.Le Drian n’a pas précisé quand cette conversation entre les Présidents avait eu lieu.
Peskov relève des nuances dénaturées
Ce jeudi 17 février, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a reproché au ministre d’avoir dénaturé certaines nuances en relatant les propos de Vladimir Poutine.
"Ce sont ce qu’on appelle des raisonnements sur un sujet libre, qui sont pourtant susceptibles de faire plus de mal que de bien", a-t-il signalé.
Et d’ajouter: "Ce qui est très important, c’est que certaines nuances ont été dénaturées dans les déclarations de monsieur le ministre, et cela est extrêmement nocif dans une situation aussi sensible."
Vladimir Poutine avait déjà commenté l’appel de la Douma sur la reconnaissance du Donbass lors de la conférence de presse commune à l’issue des négociations avec le chancelier allemand Olaf Scholz.
Les opportunités des accords "pas encore réalisées pleinement"
Il avait signalé que le potentiel des accords de Minsk dans le règlement du problème du Donbass n’était pas encore épuisé.
"Notre point de départ, et mon point de départ, est que nous tous devons tout faire pour résoudre les problèmes du Donbass […], en se fondant tout d’abord sur les opportunités d’application des accords de Minsk, pas encore réalisées pleinement."
Il avait cependant indiqué que la situation actuelle dans le Donbass pouvait être qualifiée de "génocide".
L’absence d’alternative aux accords de Minsk a été réitérée par le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, lors d'une réunion avec le Président de l'OSCE, Zbigniew Rau.
Moscou a déclaré à maintes reprises que Kiev n’accomplissait pas lesdits accords et faisait traîner en longueur les négociations sur le règlement du conflit.