Affaire Valieva

Quel est l'effet du trimétazidine qui aurait été découvert chez Valieva?

La substance qui aurait été découverte dans le sang de la prodige du patinage artistique Kamila Valieva donne peu d'effet en tant que dopage, explique dans une interview à Sputnik une médecin russe pour qui il s’agit d'"une provocation".
Sputnik
Le scandale qui secoue le monde du sport après la victoire de Kamila Valieva (15 ans) en épreuve par équipes ne cessant de défrayer la chronique, Sputnik a interrogé une médecin du sport sur le médicament trimétazidine, dont des traces auraient été découvertes fin décembre dans le sang de la jeune patineuse.

Inutile pour les patineuses?

"Le trimétazidine est une substance qui améliore (au moindre degré) le métabolisme des cellules du muscle cardiaque. Il est prescrit à des patients cardiologiques en tant que ‘vitamine’ pour le myocarde, mais son impact est dérisoire", explique la collaboratrice de l’université de médecine Setchenov de Moscou. Il n’influe radicalement ni le flux sanguin ni la capacité de travail physique.

Ce médicament est d’autant plus inutile en tant que dopage dans les sports exigeant une excellente coordination des mouvements, tels que le quadruple saut, souligne la spécialiste. Théoriquement, "à force de faire preuve de fantaisie", il est possible de l’imaginer comme produit dopant dans des sports exigeant une forte endurance, et de l’utiliser pour éviter une hypoxie sur les longues distances. Mais dans ce cas, la dose nécessaire serait colossale, selon elle. Sa concentration dans le sang ne serait alors pas aussi dérisoire que celle qui aurait été trouvée dans le sang de Kamila.

"Contamination" énigmatique

"En un mot, il s’agit d’une provocation à 24 carats", lâche auprès de Sputnik la spécialiste.

Reste à savoir comment des traces de trimétazidine ont pénétré dans le sang de la patineuse, poursuit l’experte. L’une des versions avancées, selon laquelle elle aurait pu consommer par erreur un médicament de son grand-père, est certes originale, mais pas plus que celle avancée en 2020 par la céiste canadienne Laurence Vincent-Lapointe. Accusée de dopage en été 2019, elle a affirmé avoir été contaminée par son conjoint de l’époque qui lui aurait transmis la substance prohibée via des fluides corporels (salive, sueur, sperme).
La médecin russe est pour sa part convaincue que l’Agence mondiale antidopage (AMA) et le Comité international olympique (CIO) sont "totalement sous l'emprise des Américains" qui leur imposent leur vision des choses et leurs intérêts. Elle partage ainsi le point de vue de Vladimir Olentchenko, chercheur à l'Institut d'économie mondiale et de relations internationales qui a avancé, toujours dans un entretien avec Sputnik, "une sorte d'action orchestrée ou coordonnée".

Autorisée à poursuivre la compétition

De nombreux autres responsables et experts pointent le caractère "politisé" et "pensé" de ce scandale.
La jeune Russe a finalement été autorisée à poursuivre la compétition aux JO de Pékin par le Tribunal arbitral du sport (TAS) qui a confirmé la levée de sa suspension provisoire pour dopage. Malgré cela, le CIO a annoncé qu'il n'y aura pas de cérémonie de remise de médailles si elle gagne la compétition individuelle.
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