En visite à Moscou ce jeudi 10 février, Liz Truss, chef de la diplomatie britannique, a promis des "sanctions dures" en cas d’"invasion russe en Ukraine" et a rappelé la récente menace américaine d’empêcher la réalisation du Nord Stream 2. Dans un article publié mercredi, le Spiegel estime que le marché énergétique américain "profite de la lutte pour l’Ukraine".
"L'Amérique est le bénéficiaire énergétique et politique de la mobilisation russe à la frontière avec l'Ukraine: en décembre, les États-Unis sont devenus le premier exportateur mondial de GNL [gaz naturel liquéfié, ndlr] devant le Qatar et l'Australie", indique le magazine allemand.
Il cite des données de Rystad Energy, société indépendante de recherche énergétique basée à Oslo, qui estime que les livraisons vers l'Europe ont augmenté de 75% entre novembre et décembre, ce qui fait de l'Europe "le plus gros acheteur de ce que l'administration Trump a autrefois présenté comme des ‘molécules de liberté américaine’".
Le magazine rappelle qu’à l’époque, Trump a conseillé aux Allemands de se libérer de la dépendance de la Russie grâce aux importations transatlantiques de gaz. Alors, poursuit le Spiegel, le gouvernement allemand et l'UE ont réagi avec irritation, car le gaz russe était considérablement moins cher.
"Aujourd'hui, l'Allemagne serait probablement heureuse si elle avait un terminal GNL. Bien qu'elle consomme plus de gaz naturel que tout autre pays de l'UE, cela dépend toujours de la capacité des navires gaziers à accoster dans les pays voisins", constate l’hebdomadaire.
Le Spiegel souligne que l'industrie américaine des énergies fossiles est "de bonne humeur" et que les entreprises espèrent de nouveaux clients en Europe.
Berlin hésite
Dans le même temps, lors de sa récente visite à Washington, le nouveau chancelier allemand Olaf Scholz s’est montré réticent après que Joe Biden a clairement indiqué son intention de stopper le Nord Stream 2 si "la Russie envahissait l'Ukraine". M.Scholz a refusé de développer le sujet lors de sa conférence de presse tout comme au cours de son interview à CNN.
La position de la France
Interrogé ce jeudi sur France Inter sur le sujet des menaces américaines visant le Nord Stream 2, le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a estimé que le gazoduc n’était pas "le sujet central de la crise". Il a d’ailleurs admis en cas d’agression contre l’Ukraine "des sanctions massives", y compris dans le domaine du gaz.
À la question de savoir si la France est alignée sur les États-Unis sur le sujet du gazoduc, le ministre a souligné que Paris considérait que c’était une "affaire allemande" et que c’est aux Allemands "de décider ce qu’ils ont l’intention de faire".