Les espoirs d'un règlement pacifique des tensions en Ukraine ont augmenté avec les efforts diplomatiques intenses déployés pour atténuer la crise actuelle. Après sa rencontre avec Vladimir Poutine, Emmanuel Macron a estimé qu'il était possible d'assurer la sécurité de l'Europe en tenant compte de certaines garanties demandées par Moscou et a appelé à poursuivre les efforts accomplis dans le format Normandie sur le Donbass, ce que les Russes prônent depuis l’adoption des accords de Minsk.
Toutefois, il semble que ce format Normandie, mis en place en 2014 et ayant donné les accords de Minsk destinés à trouver une solution pacifique au conflit en Ukraine, ne plaît plus à cette dernière.
Refus du dialogue direct avec le Donbass
Kiev refuse d’entrer en dialogue direct avec le Donbass lors des négociations des conseillers du format Normandie qui se tiennent ce jeudi, a déclaré le ministre des Affaires étrangères Dmytro Kuleba.
"Je pense qu'il y aura à nouveau une conversation difficile et longue. Je pense qu'à nouveau la Russie insistera sur un dialogue direct [avec le Donbass]. Encore une fois, nous le refuserons, mais la diplomatie n'a pas d'autre moyen que de parler et de chercher une solution sans franchir ses lignes rouges", a-t-il déclaré lors d'un point de presse mercredi.
En réaction, son homologue russe Sergueï Lavrov a noté que le ministre ukrainien avait dépassé l'art de Joseph Goebbels, propagandiste en chef du Troisième Reich, en termes de propagande.
Comme il l’a noté, Lavrov a rappelé à la ministre britannique des Affaires étrangères que le Président ukrainien ainsi que ses ministres, son secrétaire du Conseil de sécurité nationale et de défense d'Ukraine, ont déclaré publiquement qu'ils ne respecteraient pas les accords de Minsk.
"Non" aux conditions de Moscou
Le chef de la diplomatie ukrainienne a souligné que Kiev ne refusait pas de se conformer aux accords de Minsk pour résoudre le conflit dans le Donbass, mais ne les respecterait pas dans les conditions actuelles, qui seraient celles de la Russie.
"La question est différente: les accords de Minsk seront-ils mis en œuvre dans les conditions russes, dans l'interprétation russe, ou seront-ils mis en œuvre tels qu’ils sont, sans être déformés par la Russie? C'est pourquoi nous disons que nous n'appliquerons pas les accords de Minsk dans les conditions russes, mais cela ne signifie pas que nous n'appliquerons pas les accords de Minsk en principe", a précisé M.Kuleba lors d'un briefing mercredi.
Il a ajouté que lors de la visite d’Emmanuel Macron, qui a eu lieu après des négociations avec Vladimir Poutine, le dirigeant français n'avait pas eu pour mission de convaincre Kiev de mettre en œuvre les accords de Minsk dans les conditions de Moscou.
Auparavant, Macron, à la suite des négociations à Kiev, avait déclaré que Volodymyr Zelensky avait confirmé sa volonté de mettre en œuvre les accords de Minsk.
Le chef de la diplomatie ukrainienne attaque Macron
Dmytro Kuleba estime d’ailleurs que le Président français, qui a émis l'idée d'un nouveau système de sécurité en Europe, ne comprend pas encore à quoi il devrait ressembler.
"Quant à son commentaire détaillé sur le nouveau système de sécurité en Europe, en fait, sur la base des informations dont je dispose, je peux dire qu'il me semble que lui-même comprend encore assez abstraitement de quoi il parle. Mais, évidemment, il a personnellement ressenti le besoin de nouvelles règles. Mais ces règles ne seront pas développées sans l'Ukraine, pour la raison que maintenant, au cours de ces mois-ci, c'est en Ukraine que l'avenir de l'architecture de sécurité euro-atlantique est en train d'être décidé", a déclaré M.Kuleba lors du briefing de mercredi.
Le ministre a noté que si Kiev n'aime pas les propositions, l'Ukraine les refusera. "Vous pouvez, bien sûr, proposer quelque chose, dire : ‘Chère Ukraine, nous voulons ceci.’ Mais nous dirons que nous ne voulons pas, et ils continueront à réfléchir. Processus de négociation normal", a-t-il ajouté.
Les dirigeants occidentaux, dont Joe Biden, se sont prononcés à plusieurs reprises en faveur des accords de Minsk. À la suite de discussions avec le Président russe à Genève en juin 2021, le Président états-unien avait déclaré qu'il avait accepté de soutenir les accords de Minsk.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré plus tard que Biden lui-même avait déclaré au Président russe lors du sommet de Genève qu'il voulait aider à mettre en œuvre les accords de Minsk sur le Donbass, y compris avec le statut autonome de la région. En outre, selon Lavrov, la secrétaire d'État adjointe américaine Victoria Nuland et le directeur de la CIA William Burns, au cours de contacts avec les dirigeants russes, ont directement confirmé la nécessité de mettre en œuvre les accords de Minsk, y compris le statut spécial du Donbass.