"La présence française sur le territoire malien ne rend pas service qu’au Mali, mais également à la France. Quand un territoire aussi vaste que le Mali est menacé d’implosion comme ce fut le cas, toutes les puissances internationales ont l’obligation d’intervenir afin qu’il ne devienne pas une zone d’incubation du terrorisme. Le pays, de par sa position, aurait pu servir de base arrière pour des attaques d’envergure en Europe et donc en France. En aidant le Mali, la France s’aide aussi. Elle aide ses ressortissants, ses multinationales et autres intérêts dans la région", souligne-t-il.
"Si aujourd’hui le Sahel est le champ de bataille de djihadistes de tout poil venus du Proche, du Moyen, de l’extrême-Orient, de la Libye et de l’Algérie, l’Occident -notamment la France- ne doit pas oublier qu’il est principalement à l’origine de ce chaos, et que c’est lui qui leur a donné ce gigantesque terrain d’expression. La guerre [au Sahel] a été importée [par les pays occidentaux, ndlr] même s’ils refusent de le reconnaître. J'espère que ceux qui, hier, ont débarqué avec des bombardiers sophistiqués pour arroser les montagnes des Ifoghas dans le nord du Mali se souviendront qu’ils ne sont pas venus pour aider, mais qu’ils sont responsables de la tragédie qui frappe le Sahel, et qu’ils n’ont pas le droit de faire leurs valises de la même manière que les Américains en Afghanistan. Rester n’est pas une option, c’est une obligation", avait soutenu Alain Foka dans une chronique diffusée le 23 octobre dernier sur sa chaîne YouTube.
"Il est clair que l’opération Harmattan[nom de la participation française à l’engagement militaire international pour, officiellement, protéger la population libyenne contre les attaques des forces du colonel Mouammar Kadhafi, ndlr] n’était pas suffisamment partagée et qu’un certain nombre de chefs d’État du Sahel, ce fut le cas d’Idriss Déby Itno du Tchad, n’ont appris son lancement que par la voix des médias. Il y a eu une insuffisante coordination avec les pays du Sahel qui ont vu refluer un certain nombre de groupes rebelles, notamment au Mali et au Niger. Mais brandir l’intervention en Libye –qui du reste a eu lieu pour de bonnes raisons car il y avait une guerre civile– pour expliquer entièrement la situation sécuritaire au Sahel me semble être un raccourci", estime-t-il.
"Il convient de le souligner, cette décision d’expulsion a été prise suite à des propos [du ministre Jean-Yves Le Drian, ndlr] qui n’engagent pas la totalité de la classe politique française. Ensuite, il faut comprendre la très forte émotivité suscitée par cet événement en France alors qu’un 53e militaire français (dont 48 au Mali) a récemment trouvé la mort au Sahel. Cela dit, un certain nombre de parlementaires se sont offusqués, non pas de la décision malienne, mais de la position du gouvernement français qui semble ne pas être enclin ou disposé à essayer d’apaiser les tensions entre les deux pays", déclare-t-il.
"Nous sommes reconnaissants des efforts consentis pour notre pays. Le peuple malien n’est pas ingrat. Cependant, nous n’acceptons pas qu’on nous piétine, qu’on nous méprise. Notre dignité n’est pas négociable. Si la France rappelle son intervention de 2012, qui s’est vite transformée en échec, qu’elle n’oublie pas que ce sont des Africains qui sont morts hier pour la libérer", avait réitéré le Premier ministre Choguel Maïga, en marge des activités du Festival panafricain du coton qui s’est tenu le 28 janvier à Kita (ville à 187 kilomètres de Bamako).