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Expulsion de l’ambassadeur français: le Mali est-il vraiment "ingrat"?
Expulsion de l’ambassadeur français: le Mali est-il vraiment "ingrat"?
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Dans la foulée de l’expulsion de l’ambassadeur français, la classe politique de l’Hexagone a notamment reproché aux autorités maliennes de manquer de... 04.02.2022, Sputnik Afrique
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Une partie de la classe politique française s’est montrée particulièrement outrée de la décision du gouvernement malien d’expulser l’ambassadeur de France. Jusqu’à laisser entendre que le Mali serait "ingrat", alors que, estime-t-elle, Paris et ses partenaires sont mobilisés depuis plusieurs années pour aider ce pays qui fait face à plusieurs groupes armés. Une critique dont on trouve également l’écho sur la Toile dans la bouche de simples internautes.D'emblée, Sylvain Nguessan, directeur de l’Institut de stratégies d’Abidjan, interrogé par Sputnik, fait remarquer que cette accusation sous-entend que la France n’est là que pour le bien du Mali alors que sa propre sécurité et aussi celle de l’Europe sont -également- en jeu.Par ailleurs, cet analyste de la politique et de la sécurité de la région estime "important de rappeler que la menace d’implosion du Mali qui a justifié l’intervention française [à partir de janvier 2013, ndlr] fait suite à la chute du colonel Mouammar Kadhafi". "Rien qu’en 2012, des experts militaires évaluaient à 50 tonnes les armes parvenues au Mali depuis la Libye. Et nous savons tous que c’est l’Otan piloté par la France et le Royaume-Uni qui ont provoqué la chute de Kadhafi. Ils sont donc de fait à la base du problème que rencontre le Mali et tout le Sahel", ajoute-t-il.Et sur ce point, Sylvain Nguessan est rejoint par plusieurs observateurs à l’instar du journaliste camerounais Alain Foka, pour qui cela a toujours été une évidence: le Mali et ses voisins du Sahel paient le prix de l’intervention militaire de la France et de ses partenaires occidentaux en Libye, en 2011.C’est toutefois là une vision des choses que, de son côté, Emmanuel Dupuy, président de l’Institut prospective et sécurité en Europe (IPSE), interrogé par Sputnik, a tendance à nuancer. Tout en admettant une certaine responsabilité de la France dans la situation au Sahel, il souligne qu’elle n’explique pas tout.En effet, selon le président de l’IPSE, il y aurait plusieurs autres paramètres à prendre en compte dont un manque de gouvernance de la part des dirigeants du Sahel, le phénomène de narcotrafic qui préexistait dans la région et qui se poursuit, la capacité insuffisante des armées nationales à faire face aux groupes terroristes qui se sont enkystés dans des territoires qui étaient peu ou mal administrés, et la très faible mobilisation régionale.Il précise par ailleurs que si certaines personnalités politiques ont évoqué ou laissé entendre une "ingratitude" de l’État malien vis-à-vis de la France, ce n’est pas le cas de tous.Ces accusations portées à l’encontre du Mali ne sont pas nouvelles, même si elles se sont accentuées à mesure que le fossé entre Bamako et Paris s’est agrandi ces derniers mois. Et d’ailleurs à plusieurs reprises, les autorités maliennes sont montées au créneau pour s’en défendre.Cet internaute présente un document répertoriant plus de 11.000 tirailleurs d’origine malienne qui ont été tués au combat pour la France lors de la Première Guerre mondialeEt Sylvain Nguessan de renchérir: "Nous sommes dans un monde d’interdépendance, il ne faut pas oublier que lors des deux Guerres mondiales, des Africains et donc des Maliens, ont servi de chair à canon pour la France…".
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Expulsion de l’ambassadeur français: le Mali est-il vraiment "ingrat"?
Dans la foulée de l’expulsion de l’ambassadeur français, la classe politique de l’Hexagone a notamment reproché aux autorités maliennes de manquer de reconnaissance devant les efforts consentis toutes ces années. Mais certains observateurs soulignent que le Mali est victime d’une situation dont la responsabilité incombe en partie à la France.
Une partie de la classe politique française s’est montrée particulièrement outrée de la décision du gouvernement malien d’expulser l’ambassadeur de France. Jusqu’à laisser entendre que le Mali serait "ingrat", alors que, estime-t-elle, Paris et ses partenaires sont mobilisés depuis plusieurs années pour aider ce pays qui fait face à plusieurs groupes armés. Une critique dont on trouve également l’écho sur la Toile dans la bouche de simples internautes.
D'emblée, Sylvain Nguessan, directeur de l’Institut de stratégies d’Abidjan, interrogé par Sputnik, fait remarquer que cette accusation sous-entend que la France n’est là que pour le bien du Mali alors que sa propre sécurité et aussi celle de l’Europe sont -également- en jeu.
"La présence française sur le territoire malien ne rend pas service qu’au Mali, mais également à la France. Quand un territoire aussi vaste que le Mali est menacé d’implosion comme ce fut le cas, toutes les puissances internationales ont l’obligation d’intervenir afin qu’il ne devienne pas une zone d’incubation du terrorisme. Le pays, de par sa position, aurait pu servir de base arrière pour des attaques d’envergure en Europe et donc en France. En aidant le Mali, la France s’aide aussi. Elle aide ses ressortissants, ses multinationales et autres intérêts dans la région", souligne-t-il.
Par ailleurs, cet analyste de la politique et de la sécurité de la région estime
"important de rappeler que la menace d’implosion du Mali qui a justifié l’intervention française [à partir de janvier 2013, ndlr] fait suite à la chute du colonel Mouammar Kadhafi".
"Rien qu’en 2012, des experts militaires évaluaient à 50 tonnes les armes parvenues au Mali depuis la Libye. Et nous savons tous que c’est l’Otan piloté par la France et le Royaume-Uni qui ont provoqué la chute de Kadhafi. Ils sont donc de fait à la base du problème que rencontre le Mali et tout le Sahel", ajoute-t-il.
Et sur ce point, Sylvain Nguessan est rejoint par plusieurs observateurs à l’instar du journaliste camerounais Alain Foka, pour qui cela a toujours été une évidence: le Mali et ses voisins du Sahel paient le prix de l’intervention militaire de la France et de ses partenaires occidentaux en Libye, en 2011.
"Si aujourd’hui le Sahel est le champ de bataille de djihadistes de tout poil venus du Proche, du Moyen, de l’extrême-Orient, de la Libye et de l’Algérie, l’Occident -notamment la France- ne doit pas oublier qu’il est principalement à l’origine de ce chaos, et que c’est lui qui leur a donné ce gigantesque terrain d’expression. La guerre [au Sahel] a été importée [par les pays occidentaux, ndlr] même s’ils refusent de le reconnaître. J'espère que ceux qui, hier, ont débarqué avec des bombardiers sophistiqués pour arroser les montagnes des Ifoghas dans le nord du Mali se souviendront qu’ils ne sont pas venus pour aider, mais qu’ils sont responsables de la tragédie qui frappe le Sahel, et qu’ils n’ont pas le droit de faire leurs valises de la même manière que les Américains en Afghanistan. Rester n’est pas une option, c’est une obligation", avait soutenu Alain Foka dans une chronique diffusée le 23 octobre dernier sur sa chaîne YouTube.
C’est toutefois là une vision des choses que, de son côté, Emmanuel Dupuy, président de l’Institut prospective et sécurité en Europe (IPSE), interrogé par Sputnik, a tendance à nuancer. Tout en admettant une certaine responsabilité de la France dans la situation au Sahel, il souligne qu’elle n’explique pas tout.
"Il est clair que l’opération Harmattan[nom de la participation française à l’engagement militaire international pour, officiellement, protéger la population libyenne contre les attaques des forces du colonel Mouammar Kadhafi, ndlr] n’était pas suffisamment partagée et qu’un certain nombre de chefs d’État du Sahel, ce fut le cas d’Idriss Déby Itno du Tchad, n’ont appris son lancement que par la voix des médias. Il y a eu une insuffisante coordination avec les pays du Sahel qui ont vu refluer un certain nombre de groupes rebelles, notamment au Mali et au Niger. Mais brandir l’intervention en Libye –qui du reste a eu lieu pour de bonnes raisons car il y avait une guerre civile– pour expliquer entièrement la situation sécuritaire au Sahel me semble être un raccourci", estime-t-il.
En effet, selon le président de l’IPSE, il y aurait plusieurs autres paramètres à prendre en compte dont un manque de gouvernance de la part des dirigeants du Sahel, le phénomène de narcotrafic qui préexistait dans la région et qui se poursuit, la capacité insuffisante des armées nationales à faire face aux groupes terroristes qui se sont enkystés dans des territoires qui étaient peu ou mal administrés, et la très faible mobilisation régionale.
Il précise par ailleurs que si certaines personnalités politiques ont évoqué ou laissé entendre une "ingratitude" de l’État malien vis-à-vis de la France, ce n’est pas le cas de tous.
"Il convient de le souligner, cette décision d’expulsion a été prise suite à des propos [du ministre Jean-Yves Le Drian, ndlr] qui n’engagent pas la totalité de la classe politique française. Ensuite, il faut comprendre la très forte émotivité suscitée par cet événement en France alors qu’un 53e militaire français (dont 48 au Mali) a récemment trouvé la mort au Sahel. Cela dit, un certain nombre de parlementaires se sont offusqués, non pas de la décision malienne, mais de la position du gouvernement français qui semble ne pas être enclin ou disposé à essayer d’apaiser les tensions entre les deux pays", déclare-t-il.
Ces
accusations portées à l’encontre du Mali ne sont pas nouvelles, même si elles se sont accentuées à mesure que le fossé entre Bamako et Paris s’est agrandi ces derniers mois. Et d’ailleurs à plusieurs reprises, les autorités maliennes sont montées au créneau pour s’en défendre.
"Nous sommes reconnaissants des efforts consentis pour notre pays. Le peuple malien n’est pas ingrat. Cependant, nous n’acceptons pas qu’on nous piétine, qu’on nous méprise. Notre dignité n’est pas négociable. Si la France rappelle son intervention de 2012, qui s’est vite transformée en échec, qu’elle n’oublie pas que ce sont des Africains qui sont morts hier pour la libérer", avait réitéré le Premier ministre Choguel Maïga, en marge des activités du Festival panafricain du coton qui s’est tenu le 28 janvier à Kita (ville à 187 kilomètres de Bamako).
Cet internaute présente un document répertoriant plus de 11.000 tirailleurs d’origine malienne qui ont été tués au combat pour la France lors de la Première Guerre mondiale
Et Sylvain Nguessan de renchérir:
"Nous sommes dans un monde d’interdépendance, il ne faut pas oublier que lors des deux Guerres mondiales, des Africains et donc des Maliens, ont servi de chair à canon pour la France…".