"Ce qui semble surtout avoir provoqué cette déroute, c’est que le Président de la République se soit arrogé le droit de choisir lui-même les candidats comme le ferait un entraîneur-sélectionneur de football. Et en général, quand une équipe est en déroute, c’est le coach qui en est le premier responsable. Cet échec à conquérir Dakar, Ziguinchor ou Thiès, Macky Sall en devient le responsable principal dans des élections qui ne sont ni législatives ni présidentielles. De hauts responsables du parti et de l’État envoyés au tapis, cela signifie que les électeurs ont plus ou moins teinté leurs amertumes et leur désamour par rapport au pouvoir en place alors qu’il s’agissait d’élire les magistrats des communes et les présidents des conseils départementaux", souligne Momar Thiam, directeur de l’École des Hautes études en information et communication (HEIC) de Dakar dans un entretien accordé à Sputnik.
"Ce qui a prévalu dans la victoire d’Ousmane Sonko à Ziguinchor et de Barthélémy Dias à Dakar, c’est le discours clair, précis et constructif dans leur opposition radicale au pouvoir. Ils n’ont jamais donné l’impression de vouloir faire des compromis et compromissions avec leurs adversaires politiques. En termes de communication, ils n’ont pas varié d’un iota. Cette posture de constance et de persévérance les a distingués de plusieurs autres figures de l’opposition car les électeurs veulent de la clarté dans le positionnement politique de ceux qui demandent leurs suffrages", souligne-t-il.
"Accepter la défaite et en tirer les leçons"
"Benno Bokk Yaakaar conserve son hégémonie à l’échelle nationale. Toutes les collectivités territoriales étant égales en dignité, nous analysons sans complaisance nos contre-performances pour affiner notre stratégie de reconquête. Nous ferons l’effort de comprendre davantage le sens du vote pour apporter des réponses appropriées en vue des prochaines échéances", a affirmé le minis
"L’étalage de richesses et de logistiques dans leurs caravanes a dénaturé une bonne partie de la campagne électorale de Benno Bokk Yaakaar. C’était le moment de faire beaucoup de proximité auprès des populations des communes et des départements. Àla fin, il y a eu une sorte d’exaspération de l’opinion contre cette forme de campagne électorale centrée sur l’argent", déplore Momar Thiam.
"Une occasion extraordinaire lui est offerte de comprendre le message des électeurs du 23 janvier pour répondre aux aspirations des Sénégalais (…) et de nommer un Premier ministre capable de s’attaquer aux véritables problèmes des populations: la santé, l’éducation et, surtout, de promouvoir véritablement l’éthique de la gestion des affaires publiques en mettant un terme aux scandales qui se succèdent dans certaines sociétés nationales. Cette posture ouvrirait au Président de la République une porte de sortie assez honorable après la fin de son mandat en cours."