Pourquoi les non-fumeurs sont-ils de plus en plus victimes du cancer du poumon en France?

Les non-fumeurs atteints du cancer du poumon représentent désormais 12% des diagnostics en France, soit presque deux fois plus qu'il y a 20 ans. Autres constats alarmants: une nette augmentation des femmes atteintes de cette tumeur maligne, ainsi qu’une part négligeable de jeunes consommant du cannabis, selon l’étude KPB-2020-CPHG.
Sputnik
La nouvelle édition de l’étude épidémiologique dite KPB-2020 réalisée par le Collège des pneumologues des hôpitaux généraux (CPHG) montre une augmentation importante des cas de cancer du poumon chez les non-fumeurs.
Depuis 2000, tous les 10 ans, le CPHG publie un état des lieux concernant le cancer du poumon en France. La nouvelle étude présentée lors du 26e Congrès de pneumologie de langue française, qui s’est tenu du 21 au 23 janvier à Lille, porte sur environ 9.000 patients.
Le tabac est bien à l'origine des cancers du poumon diagnostiqués dans 85% des cas, mais la proportion de non-fumeurs touchés est en progression avec 12,6% des nouveaux malades diagnostiqués en 2020, contre 10,9% en 2010 et 7,2% en 2000.

"Des facteurs environnementaux, ça peut être la pollution, des facteurs professionnels, comme l’amiante" peuvent contribuer au développement du cancer chez les non-fumeurs, explique auprès de RTL Didier Debieuvre, chef du service de pneumologie de l'hôpital de Mulhouse et l’un des auteurs de l’étude.

Le tabagisme passif est également un facteur à prendre en compte.
Autre constat alarmant: environ un tiers (28,3%) des patients de moins de 50 ans sont des consommateurs réguliers de cannabis (3-4 joints par jour), souligne l’étude.

Les femmes plus touchées

Par ailleurs, il en ressort une nette augmentation des cas des cancers chez les femmes. Si en 2000 cette tumeur maligne touchait les femmes dans 16% des cas, en 2020 c'est plus de 34%. Un taux qui s’élève à 41% chez les femmes de moins de 50 ans.

"Cette augmentation est clairement à relier à l'augmentation du tabagisme chez les femmes. On est loin désormais de l'image du cancer du poumon réservé à l'ouvrier gros fumeur. Chez les hommes, d'ailleurs, on atteint une sorte de plateau du nombre de cas, c'est clairement chez les femmes que ça augmente, et c'est ce qu'on voit dans nos consultations", avance Didier Debieuvre, cité par France Inter.

Les traitements, "ça bouge très vite"

Les chercheurs mettent en garde contre un dépistage trop tardif du cancer du poumon.

"Le cancer bronchique est longtemps sournois, asymptomatique, pour lequel les gens n'ont aucune plainte. Quand ils arrivent avec des symptômes, il est souvent trop tard, car la maladie est déjà à un stade avancé", poursuit Didier Debieuvre auprès de RTL.

Parmi les symptômes: douleur thoracique, crachats de sang, perte d'appétit et de poids.
Mais il y a une bonne nouvelle: depuis plusieurs années les traitements contre le cancer du poumon progressent, avec notamment des thérapies ciblées, adaptées à des anomalies moléculaires de la tumeur, ou l'immunothérapie.
"Concernant l’immunothérapie, ça a commencé en 2015-2016. Pour les thérapies ciblées, les premières ont commencé il y a 10 ans, mais on en a de nouvelles qui arrivent à peu près tous les trois ou six mois. Si on prend les six derniers mois, par exemple, il y a eu trois nouvelles thérapies ciblées disponibles pour le traitement du cancer du poumon, donc ça bouge très vite", indique Julien Mazières, chef du service de pneumologie au CHU de Toulouse, cité par La Dépêche.
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